L’incroyable pari du stockage d’énergie par gravité
CES ENTREPRISES QUI REPOUSSENT LES LIMITES . Avec une technologie qui repose sur la gravité et le béton, Energy Vault veut stocker plus efficacement l’énergie renouvelable.
stocker de l’électricité.
Conçu par la start-up américano-helvétique Energy Vault, associée à l’américain Atlas Renewables et à China Tianying, ce monstre de béton promet une capacité de stockage de 25 MW/100 MWh. Son objectif : répondre aux besoins de stockage de plus en plus pressants à mesure que les énergies renouvelables se développent. Car plus les capacités sont importantes, plus les prix deviennent volatils, pénalisant tantôt les consommateurs, tantôt des investisseurs lorsque l’absence de demande fait plonger les prix en territoire négatif .
Une technologie très simple
La démarche s’inspire des stations de transfert d’énergie par pompage (STEP) , ces gigantesques lacs communicants installés dans les montagnes françaises dans les années 1970 afin de « stocker » l’électricité des centrales nucléaires pendant la nuit et la restituer le jour en pompant de l’eau pour alimenter des barrages.
Ce nouveau système de stockage d’électricité a été installé grandeur nature pour la première fois en Chine en 2023, à Rudong, à côté de Shanghai. Un premier prototype avait aussi vu le jour en Suisse, en 2020, revendiquant une efficacité énergétique de 75 %.
Le principe est technologiquement très simple : chaque fois que l’électricité produite est excédentaire par rapport aux besoins ou que les prix le justifient, la grue hisse les blocs de béton vers le sommet de sorte à transformer l’énergie cinétique en énergie potentielle. Pour la « décharger », ces mêmes blocs de béton sont redescendus vers le sol. La vitesse permet alors d’actionner une turbine qui produit de l’électricité.
Une densité énergétique jugée trop faible
Energy Vault promet encore une multitude d’autres projets en Chine. En novembre 2023, la société, associée au chinois Tianying, a annoncé avoir signé des accords avec cinq municipalités chinoises (Hebei, Jiangsu, Gansu, Jilin et Xinjiang) pour développer 1,160 MWh de batteries.
Pour éspérer rivaliser avec les batteries au lithium qui dominent très largement le marché , Robert Piconi, le PDG d’Energy Vault, met en avant trois avantages : l’absence de technologie de pointe et la facilité de mise en oeuvre, l’absence d’altération des capacités de stockage dans le temps et les vertus de cette batterie pour l’environnement puisqu’elle ne mobilise pas de matériaux critiques.
Ces arguments sont toutefois très relatifs dans la mesure où la production de béton émet plusieurs centaines de kg de CO2 par mètres cubes. En outre, ces installations très massives risquent de susciter de vives oppositions des riverains.
Et les spécialistes mettent en avant le manque de densité énergétique de ces solutions qui impliquent de construire d’imposants murs de béton pour stocker l’équivalent d’une batterie au lithium de quelques mètres cubes. Autrement dit, le passage à l’échelle est très incertain.
Un modèle économique incertain
La difficulté est aussi économique. Si le stockage est promis à un bel avenir, la volatilité des prix liée aux variations des productions renouvelables n’est pas encore suffisante pour rémunérer de tels projets.