Quand Pablo Picasso sculptait en secret dans Paris occup
Comme toujours, René Char a le sens de la formule : « Face au pouvoir totalitaire, Picasso est le maître charpentier de mille planches de salut. » Nous sommes en 1943, en pleine Occupation, et Picasso – estampillé « artiste dégénéré » par les nazis et sous surveillance – vit et travaille toujours, malgré les dangers, dans son atelier de la rue des Grands-Augustins, à Paris.
Être le « charpentier » que désigne Char signifie peindre et dessiner, toujours, mais aussi sculpter. « La période de l’Occupation a correspondu à une pratique accrue de la sculpture pour Picasso », explique Carmen Gimenez, commissaire de l’exposition Picasso sculpteur du musée Guggenheim de Bilbao. « Les nazis avaient interdit l’utilisation du bronze à des fins artistiques, il s’agissait, en effet, de réserver le métal à l’usage militaire. La Tête de mort de 1943 est un acte fort d’abord par ce que représente ce crâne à un stade avancé de décomposition, l’horreur de la guerre, la destruction… Mais aussi parce que Picasso transgresse l’interdit posé par l’occupant et le fait mouler à la fonderie de nuit, en cachette. »
Pablo Picasso, « Tête de mort », 1943, Bronze, cuivre, sculpture au Musée national Picasso-Paris. © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / Mathieu Rabeau, © Succession Picasso 2020
Autre pièce essentielle de cette période, L’Homme au mouton, fabriqué en une journée. À partir de dessins préparatoires, Picasso construit une armature. Mais elle est trop fine et m […] Lire la suite