renforce encore les défis de l’avenir : renouer avec les gains de productivité, réduire les inégalités, retrouver des chemins soutenables.
Les Echos – Jean Marc Vittori –
Le malade ne va pas si mal mais sa convalescence va être « longue, irrégulière et incertaine ». Tel est le diagnostic des experts du FMI sur l’économie mondiale. Un diagnostic qui pointe l’ampleur des défis à relever.
Limiter les dégâts
Le malade ne va pas si mal, car il a moins sombré qu’on ne le croyait au printemps et il est reparti plus vite qu’espéré à l’été, après avoir été déconfiné. L’automne pourrait décevoir, mais le rapport a été établi avant les signes de la rechute sanitaire en Europe. Sur l’ensemble de l’année 2020, l’activité chuterait de 4,4 % en 2020. Par contrecoup, le rebond de 2021 serait limité à 5,2 %. Au bout du compte, le PIB 2021 serait supérieur de 1,4 % à celui de 2019 – c’est un peu mieux que la stagnation prévue dans le bulletin de santé d’avril.
Il ne faut cependant pas s’obnubiler sur des chiffres qui vont sans doute beaucoup bouger.
L’avis médical est plus important. Les équipes du FMI estiment qu’il y a deux impératifs à court terme et trois défis au-delà. Les impératifs ne prêtent guère à discussion, même si les pays y répondent en ordre dispersé : maîtriser l’épidémie à l’origine de la plus forte chute de la production mondiale depuis la grande dépression des années 1930, et limiter les dégâts économiques et sociaux sur la population et les entreprises pour favoriser la reprise.
Une croissance faible pour longtemps
Une récession très inégalitaire
Les trois défis, eux, sont plus problématiques. Car la récession engendrée par le virus et les mesures pour l’endiguer rendent ces défis encore plus difficiles à relever. Le premier est la langueur de la productivité, qui ralentissait inexorablement sur la planète depuis des années. Or le recul brutal de l’activité détruit mécaniquement des stocks de capital qui vont manquer pour gagner en efficacité – capital humain avec des millions d’actifs laissés sur le bord de la route, capital physique avec des entreprises qui ferment .
Soutenabilité écologique
Le deuxième défi est la montée des inégalités. Pour la première fois en une génération, l’extrême pauvreté va remonter dans le monde. Les femmes, les actifs peu qualifiés, le travail informel sont plus durement touchés par cette récession des services . Il va falloir organiser un formidable effort de formation.
Le troisième défi est la soutenabilité. Soutenabilité budgétaire, alors que la dette publique aura augmenté de près d’un cinquième en deux ans. Soutenabilité écologique, alors qu’il faut investir massivement pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Ces trois défis, amplifiés par la crise, ne pourront être relevés que par des Etats ambitieux. Et sur chacun d’entre eux, les Etats ne pourront pas réussir sans une étroite collaboration avec les entreprises. L’avenir ne peut s’écrire qu’en partenariat.
Jean-Marc Vittori