Ces talents nouveaux, ce sont nos 74.000 doctorants et plus de 15.000 docteurs diplômés chaque année qui préparent, dans nos laboratoires, ces ruptures innovantes. En première ligne pour découvrir ce qui va façonner notre quotidien, elles et ils contribuent à dessiner les évolutions de la société et les emplois de demain.
Ils ont l’habitude des environnements incertains, du doute, des chemins de traverse aussi : leurs trois ans d’études et de recherche après un master déjà sélectif sont un apprentissage exigeant et les compétences acquises vont bien au-delà de leurs connaissances scientifiques pointues.
Doctorat : les têtes chercheuses creusent leur sillon dans l’entreprise
Inventant en continu des solutions nouvelles, leurs compétences sont aussi celles d’une société plus collaborative. Ils savent gérer un projet, le vulgariser, manager des équipes et communiquer, être persévérant, tirer profit des échecs, mais aussi rechercher des fonds. Formés à la complexité, ils ont appris à bannir les réponses trop simples. Parce qu’ils travaillent sur l’incertitude, ils sont créatifs et ouverts à la critique.
Embaucher des docteurs en entreprise, c’est entrer de plain-pied dans une mondialisation compétitive, se positionner sur le haut de gamme et sur l’innovation, en se nourrissant des avancées considérables de la recherche publique. Dans un pays attaché comme il l’est aux diplômes, il est temps de reconnaître réellement, pour le bien commun, le plus élevé d’entre eux.
Il faut faire du doctorat, comme dans les autres pays, la référence en matière de recrutement de haut niveau.
Trois propositions
Pour donner au doctorat de la visibilité, à la fois dans le monde académique, les entreprises et la haute fonction publique, les présidents d’université font trois propositions.
Le monde académique doit revaloriser tous les contrats doctoraux pour qu’ils restent attractifs, ainsi que les rémunérations du début de carrière dont le niveau en France est inférieur au niveau européen.
La haute fonction publique doit intégrer ce vivier d’excellence dans les réflexions sur ses évolutions.
Les entreprises doivent faire du doctorat, comme dans les autres pays, la référence en matière de recrutement de haut niveau, d’une part en augmentant le nombre et le financement des thèses en entreprise (Cifre), notamment dans les PME, et d’autre part en triplant la prise en compte des salaires des doctorants et docteurs ainsi que de la recherche externalisée dans les laboratoires publics, dans l’assiette du CIR.
La haute fonction publique doit intégrer ce vivier d’excellence dans les réflexions sur ses évolutions. Nos docteurs portent en effet un modèle de décision basé sur la contradiction, la gestion de l’incertitude et l’échange, si indispensables aujourd’hui.
Gilles Roussel est président de la Conférence des présidents d’université.