C’est en 1939 qu’est née la société industrielle de transmissions. Filiale du groupe de pneumatiques Kleber Colombes, pour la vente des courroies dans le secteur industriel. Et c’est en 1955 qu’est intégrée la fonderie à Raon-l’Étape. Faisant ainsi basculer le site dans une logique industrielle. Plusieurs grands groupes se sont succédé. Embauché par un groupe américain, Pierre Becker, aujourd’hui seul actionnaire et dirigeant de PTP Industry, arrive en février 2007 alors que le groupe décide de restructurer et de consolider le management.
Très rapidement, avec deux ingénieurs, Pierre Kleber se retrouve sur un projet de reprise dont les discussions prendront surtout une forme concrète en septembre de la même année. « Ça a été très compliqué et ça a bien failli ne pas se faire. D’autant que le site perdait beaucoup d’argent. » Une holding voit le jour, en mars 2008, sous l’impulsion des trois cadres qui rachètent l’entreprise. Mais la crise économique arrive six mois après : PTP Industry perd 40 % de son activité. Elle se reprend, jusqu’en 2012, et connaît un nouveau ralentissement. « Il fallait alors se remettre en cause et j’étais le seul des trois à le faire. Je me suis trouvé en porte à faux avec mes deux associés. »
Une stratégie précise
Soutenu par les salariés dans son projet, Pierre Becker prend seul la tête en février 2017. Il sait déjà qu’il doit passer de 110 à 80 personnes. « Un redressement judiciaire, ça se prépare. Il faut l’organiser. Il faut aussi garder la confiance des clients, des fournisseurs et des pouvoirs publics. » Phase 2 de la stratégie de Pierre Becker : avoir des délais plus courts sur des produits de grande qualité. Et enfin, phase 3, en place depuis un an et demi, aller vers des marchés à forte valeur ajoutée, monter en gamme et développer la partie commerciale. « Nous avons toujours pensé que nous avions les capacités à monter en puissance. Mais quand les commandes poussent, les délais augmentent et nous ne sommes plus dans notre stratégie », renchérit Pierre Becker, qui met un point d’honneur à « s’en sortir seul, même si le choix n’est pas facile. » Mais avec la ferme volonté de garder une entreprise au fonctionnement « familial ».
« Il nous manquait juste la confiance des banques. Et une banque nous a suivis. C’est important, pour nous, pour réfléchir sur une autre organisation », poursuit celui qui a fait le choix « de prendre un maximum de risques. »