Des prélèvements douteux ?
Alertée par des habitants, une biochimiste a effectué ces derniers mois plusieurs prélèvements d’eaux stagnantes dans un biotope de zone humide de la forêt de Kleinblittersdorf mais également à Grosbliederstroff et Auersmacher. Transmis à un laboratoire indépendant à Berlin, les échantillons auraient démontré que la « concentration en aluminium serait trois fois supérieure aux normes en vigueur ».
« Compte-tenu des niveaux élevés d’aluminium que nous avons détectés, nous voulons des explications sur l’origine, la nature et le niveau de concentration dans l’air des polluants et fumées rejetées par la fonderie. Ce constat est surtout visible de nuit avec d’importants nuages qui forment un épais brouillard. Soucieux de la qualité de l’air, il est normal que l’opinion publique soit alertée » précise Susanne Sabrowski, chef d’entreprise à Kleinblittersdorf. Celle-ci craint surtout que « l’aluminium utilisé rejette dans l’air des produits toxiques comme la dioxine par exemple », mais sans véritable preuve pour l’instant. Photos à l’appui, Marco Uhl redoute surtout que le système de filtration de Fonderie Lorraine ne soit pas suffisamment efficient depuis que l’usine est en activité. A ce titre, il exige des contrôles stricts et une communication publique des résultats.
N’étant pas en possession des résultats des mesures effectués par ces administrés, ni au courant de leur crédibilité scientifique, Stephan Strichertz, maire, n’a pas souhaité prendre position. Pour l’instant. Cependant, il a indiqué qu’il a pris contact avec le ministre de l’Environnement Reinhold Jost sur ce sujet, et que des mesures de la qualité de l’air dès le mois d’avril et sur une période d’un an.
« Nous sommes transparents »
Venu présenter les résultats de l’étude menée sur le bruit (lire par ailleurs), Marc Friedrich, PDG de Fonderie lorraine a répondu que des mesures internes et externes de la qualité de l’air sont régulièrement effectuées. « Au titre d’installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE), nous respectons la réglementation et sommes en conformité sinon nous n’aurions aucune autorisation d’exploiter. Les odeurs ne viennent pas de chez nous. Ce que nous émettons dans l’air, c’est de la vapeur d’eau. C’est une idée fausse d’imaginer que nous produisons de l’aluminium. Nous ne fondons que des lingots propres et nous ne recyclons pas d’alu dans l’usine. L’ensemble de notre structure est équipé de systèmes de filtration poussés et nous ne brûlons pas de déchets, ce qui enlève toute notion de dioxine ». Le PDG de Fonderie lorraine a annoncé que 900 000 € ont été investis en 2016 dans ce domaine. « Nous jouons cartes sur tables et sommes dans la transparence. Il n’y a pas de raisons que nos voisins sarrois s’inquiètent. En ouvrant leurs volets, en étant sur leur terrasse, en regardant dans la vallée, ils ne voient que l’usine. Alors forcément, tout ce qui fait du bruit ou qui sent mauvais, c’est Fonderie lorraine que l’on pointe du doigt ».
Les contrôles qui seront menés les semaines à venir côté sarrois apporteront les premiers éléments de réponse. Ils sont très attendus des deux parties.
Fabien SIEGWART