C’est un rendez-vous d’un genre nouveau. Fin janvier, l’ensemble des organisations syndicales (CFE-CGC, CGT, CFDT, FO) de Renault va se retrouver pour une formation autour du numérique dans l’automobile, ainsi que sur la vision du groupe de l’usine du futur. « On sent que la direction veut nous faire sortir de l’âge de pierre et nous amener à pleinement intégrer ces sujets », glisse l’un des participants.
Au point qu’ils pourraient être une des briques du prochain accord de compétitivité que commence à préparer Renault. Le premier contrat, signé en 2013, avait conduit à augmenter la durée du temps de travail tout en maîtrisant la masse salariale. Le prochain accord va faire l’objet de premières réunions bilatérales confidentielles dès ce mois-ci (entre chaque syndicat signataire et la direction). Si le temps de travail sera au cœur du débat, la réflexion autour de l’usine du futur à l’heure du numérique devrait aussi être un point clef des discussions.
« Hypercompétitivité »
Pour Renault, ce type d’usine doit délivrer une forme d’« hypercompétitivité », avec notamment un niveau bien plus élevé d’automatisation. « Nous avons pris du retard sur ce sujet », glissait Thierry Bolloré, le patron compétitivité du constructeur, au salon de Francfort.
En mai, le constructeur annonçait son intention de porter à 20 % le taux d’automatisation de son usine roumaine de Pitesti dans les cinq ans, contre 5 % aujourd’hui. En Espagne, le process vient d’être enclenché dans l’usine de Palencia. Le taux d’automatisation a été porté à 96 % en tôlerie (il y a plus de robots que d’hommes), et le site compte plus de un millier de robots.
En France, les usines de Renault sont discrètement engagées dans le process. Que ce soit à Flins, Douai, ou Sandouville, le groupe accroît son niveau d’automatisation, et met en place des robots filoguidés, permettant d’apporter à l’opérateur l’ensemble des pièces dont il a besoin sans avoir à se déplacer.
A l’avenir, les possibilités d’évolution sont nombreuses. « L’usine automobile du futur, c’est plusieurs briques technologiques différentes », juge Laurent Petizon, du cabinet Alix Partners. Robots intelligents travaillant au plus près des opérateurs, capteurs permettant de suivre chaque pièce, lien en temps réel avec les concessionnaires… Un univers de Big Data qui suppose des investissements parfois difficiles pour un constructeur généraliste, et qui requiert une redéfinition des formations des opérateurs. Ce sera l’un des enjeux du futur accord de Renault.