La société SCJ est désormais sur les rails et va reprendre les activités de poêlerie sur les ruines de Thermic, en effectuant du montage et de la tôlerie en sous-traitance de Hergom (Nestor Martin, en Espagne) et de ETI (Don Bar et Parallel).
Mais la reprise de la fonderie de Thermic, elle, reste sans suite. C’est pourtant cette activité qui pérenniserait à coup sûr le travail poêlier sur Couvin. C’est elle qui fixerait durablement l’industrie métallo sur Frasnes.
L’association de deux spécialistes du domaine, Roger Lecomte et Jean-Emmanuel Gavage, devrait offrir un avenir prometteur au site couvinois. Mais près d’un an après leurs premières marques d’intérêt pour la reprise de l’usine, rien n’est encore concrétisé.
En cause? Des divergences, semble-t-il, entre la banque Belfius et la curatelle. Roger Lecomte, entre les deux, observe la partie de ping-pong et commence à s’impatienter en comptant les points. «C’est Belfius qui a le dossier en main, commente-t-il. Nous avons un compromis de vente pour le terrain, les bâtiments et le matériel. Or, il reste des gages chez Belfius sur cet outil…»
Pour comprendre ce blocage, on doit remonter à 2010. Cette année-là, la société ETI revend la fonderie à la société TDE. Dans ce cadre, Belfius prête de l’argent à TDE, sur base d’une estimation de la valeur du matériel de fonderie. Quatre années plus tard, l’outil, irréparable et dans un état de ferraille, n’est estimé qu’au dixième du prix pour lequel la banque s’est engagée. À Bruxelles, on tergiverse évidemment sur la somme proposée par le consortium pour son rachat.
«Je souhaite cependant vivement que ce dossier avance, nous explique Mme Boone, en charge du dossier chez Belfius. Nous ne nous opposons pas du tout à cette reprise, qui est d’ailleurs en bonne voie. Le souci est qu’il nous faut parfois des mois pour obtenir un seul document de la part des curateurs. Dès que nous aurons obtenu les derniers renseignements demandés, nous pourrons nous mettre d’accord définitivement sur les prix, c’est dans l’intérêt de tout le monde…»
Du côté de la curatelle, le son de cloche est fort différent. «C’est faux, nous ne traînons pas dans la délivrance des documents, réfute Me Walgraffe. Au contraire, nous pensons assigner les banques. Nous n’y pouvons rien, et M. Lecomte non plus, si elles ont prêté de l’argent en 2010 sur base d’une surévaluation folle de la valeur de l’outil…»
Un acteur du dossier commente: «Belfius attend de nouvelles estimations, de la part de ferrailleurs. Mais il faut se méfier. Avec eux, sur place, le prix peut vite être rediscuté. Entre 800 tonnes et 1500 tonnes, il peut vite y avoir une grosse différence, certains ayant surévalué le devis pour obtenir le marché…»
Pour rappel, le consortium Lecomte-Gavage compte installer une nouvelle fonderie, électrique, dans les anciens bâtiments Thermi, pour produire de la fonte de voirie et construire des taques, avaloirs et autres éléments de génie civile..
Il était aussi question de reprendre ce qui était encore valable dans les installations actuelles, pour éventuellement alimenter SCJ ou d’autres clients en poêlerie, en complément.
La bonne évolution de ce dossier est indispensable pour la pérennisation de l’industrie métallurgique locale. Certains, à Couvin, craignent que l’on ne s’en rende pas compte à Bruxelles, ce que l’on réfute chez Belfius: «Nous suivons ce dossier attentivement. La banque n’a nullement l’intention de le bloquer», appuie Ulrike Pommée, porte-parole de la banque.
Lecomte-Gavage annonce la création d’une trentaine d’emplois, voire même peut-être d’une cinquantaine à terme.