Quels souvenirs marquants gardez-vous de toutes ces années ?
« En 2005, il y a eu tout le secteur fusion qui a pris feu dans l’usine. Renault nous a sauvés. Les gars ont eu un mois de chômage. En 1981, on a fait deux semaines de grève pour les salaires et on a séquestré le P-DG. On avait un – trop – fort taux de rebut de pièces à l’époque. En 1997, on a attaqué une autre grève, pas assez forte : on s’est retrouvé avec deux gars qui étaient mis à pied à titre conservatoire. »
Et puis il y a eu la scission…
« Oui, la séparation du site en deux avec la Fonderie Fonte d’un côté (Teksid puis 3A aujourd’hui) et la Fonderie Alu de l’autre (Questor, Montupet Saint-Jean Industries aujourd’hui) »
Les conditions de travail ont-elles évolué en 30 ans ?
« Au début, on n’avait pas de chaussures de sécurité ni de bleu de travail. Les jours d’été, la tradition c’était de se balancer de l’eau tellement on avait chaud. Il pouvait y faire jusqu’à 40 °C minimum. Près des fours, il faisait 1.400 °C, c’était invivable. Le plus dur, c’était pour les gars du parachèvement (ébarbage) qui n’en finissaient plus de taper avec des marteaux sur les carters brûlants à 300 °C. On disait qu’ils » travaillaient à Cayenne « . Je me battais pour pas qu’ils y restent trop longtemps. »
Les ouvriers souffraient au boulot…
« On avait un certain taux de travailleurs reconnus en maladie professionnelle. A cause du sable des fumées, de la chaleur, des poussières, des produits chimiques… Une fonderie, ce n’est pas un laboratoire pharmaceutique ! »
Un mot sur les nouveaux dirigeants ?
« Il faut vraiment que les nouveaux investissent dans les hommes, l’innovation et le matériel. Il faut que Renault et les donneurs d’ordre leur procurent du travail sinon l’entreprise ne sera pas viable longtemps. »
Que souhaiter maintenant à la Fonderie Fonte ?
« Que l’entreprise fête son 80 millionième carter dans 30 ans. Je ne serai pas là pour le voir mais ça voudra dire que l’usine et les salariés existent toujours. »
bon à savoir
Pour fêter son 40 millionième carter fabriqué en 30 ans, la Fonderie du Poitou Fonte d’Ingrandes a organisé une manifestation à l’espace Descartes, à Availles-en-Châtellerault. 66 médailles du travail ont été remises à des salariés. Cet événement officialisa aussi l’arrivée des deux nouveaux actionnaires de l’entreprise, Franco Zaccomer et Jérôme Rubinstein, ainsi que du nouveau directeur général, Jean-Pierre Daniel.