« Nos entreprises avaient vraiment peur », résume Astrid DeClerck. Selon elle, il est trop tôt pour tirer un bilan de la disparition du statut transfrontalier. Mais dans de nombreuses entreprises flamandes, où on avait déjà du mal à satisfaire toutes les offres d’emploi, cela ne va pas arranger les choses. « On cherche du monde dans les secteurs techniques, le soin, l’aide ménagère… » explique-t-on au VDAB.
La liste n’est pas exhaustive : parmi les 41 entreprises participant au nouveau site Internet d’accueil des francophones, on trouve de tout, de la boulangerie à la création de papiers-peints. Un point commun, pourtant, entre beaucoup de ces firmes : elles cherchent des profils techniques. À Ypres, le groupe international Picanol emploie de nombreux Français. Surtout chez Proferro, la filiale dédiée à la fonderie. « En Flandre, il n’y a plus de formation dans le secteur fonderie. Du coup on cherche des gens du Nord de la France. À Armentières, il y a un lycée professionnel spécialisé, et on incite les élèves à visiter notre entreprise », explique Frederic Dryhoel, responsable de la communication.
Fondeurs français
Chef de service à la fonderie, Jan Gombert a été embauché il y a douze ans, comme simple opérateur. « La peur, quand j’ai commencé ici, ce n’était pas la technique, c’était la langue » se souvient-il. Dès l’étape de la recherche d’emploi, il est plus facile de venir travailler en Flandre en parlant le néerlandais. Mais confrontées à une pénurie de candidats, les entreprises n’en font plus une condition indispensable. « Ici, on parle français, néerlandais, et avec les mains » plaisante Jan, qui insiste sur la motivation des candidats. Depuis une dizaine d’années, les Français sont devenus majoritaires, dans son service de 34 personnes. « Dans l’ensemble du groupe, on a embauché 50 transfrontaliers l’année dernière » détaille Frederic Dryhoel. Ils représentent 12 % des salariés, et des cours de néerlandais leur sont proposés.