Vous pouvez partager un article en cliquant sur les icônes de partage en haut à droite de celui-ci.
Inscrivez-vous gratuitement
Dans la fonderie des rois d’Angkor
Reportage
L’étude archéométallurgique de la fonderie du palais royal d’Angkor, datant du XIᵉ siècle, a été lancée en 2016 dans le cadre d’un projet de recherche franco-cambodgien. Petit à petit, le site livre les secrets de fabrication des bronziers. Les archéologues ont également remonté la piste du métal et retrouvé les anciennes mines de cuivre.
Angkor… La puissance évocatrice de ce nom fait jaillir de la forêt tropicale de majestueux temples montagnes sculptés de mille dieux, de mille guerriers, de mille danseuses : Angkor Vat, le Bayon, le Baphuon et d’autres encore. Cependant, ces constructions pyramidales, merveilles du passé cambodgien et aimants à touristes, masquent un vide abyssal. Où est la capitale khmère, où vivaient ses centaines de milliers d’habitants, où même est son palais royal ?
Dans l’enceinte de ce dernier ne subsistent plus qu’un petit temple et des bassins, entourés d’une myriade de tessons de tuiles et de céramiques, éparpillés à même le sol, uniques vestiges de la vie qui grouillait là jadis. Tout comme la ville, le palais des rois est un fantôme, car, fait de bois, il n’a pas résisté au passage des siècles, aux moussons et aux termites. Il n’a pour seuls résidents qu’un couple de gibbons réintroduits il y a peu, qu’on entend s’appeler dans la canopée et que, par chance, on entraperçoit se balançant de branche en branche, voltigeant avec grâce d’arbre en arbre, toujours à la limite de la chute et pourtant ne tombant jamais.
Nous voici juste au nord du mur d’enceinte. Assourdissante stridulation des cigales cachées dans ces arbres filiformes qui s’élancent, droits comme des i, pour exploser en un bouquet de feuilles 30 ou 40 mètres plus haut, quand enfin le ciel se donne à voir. Piaillements perpétuels d’oiseaux furtifs, toiles d’araignée s’allongeant en tubes piégeux et, çà et là, des blocs de grès ou de latérite rougeâtre. C’est dans cette petite zone à l’arrière de la terrasse du Roi lépreux que, depuis 2016, une équipe d’archéologues menée par Brice Vincent – maître de conférences à l’Ecole française d’Extrême-Orient (EFEO) et responsable du centre d’études de ladite EFEO à Siem Reap, la ville voisine – perce des fenêtres dans le passé. Et plus précisément dans une zone artisanale oubliée, celle de la fonderie où, au XIe siècle, on coulait les statues en bronze pour le compte des rois d’Angkor. La seule fonderie de cette époque connue au Cambodge.
Deux modestes carrés à fouiller