Deux ans après un rachat et l’espoir de voir l’entreprise Impériales Wheels briller grâce à une « technologie innovante », le seul fabricant français de jantes de voiture est à nouveau dans la tourmente. Après la cessation de paiements, l’administrateur judiciaire demande le placement de l’entreprise en liquidation judiciaire.
Chez le dernier fabricant français de jantes aluminium, les machines sont mises à l’arrêt les unes après les autres. Les dernières jantes seront peintes mardi 18 juin. Après cette date, l’usine de Diors, près de Châteauroux est en sommeil. Un crève-cœur pour les 180 salariés, dont l’avenir est toujours incertain.
Jeudi 13 juin, un CSE extraordinaire a fait l’effet d’une bombe : l’administrateur judiciaire d’Impériales Wheels annonce le dépôt d’une « requête de conversion en liquidation » de l’entreprise. Concrètement, il demande le placement de l’entreprise en liquidation judiciaire, ce qui impliquerait sa fermeture.
« Dire que je n’y pensais pas serait faux » reconnaît Thierry Pacôme, élu CFE-CGC « mais je ne m’attendais pas à ce que cela arrive maintenant« . Une annonce qui intervient une semaine avant l’audience prévue le 20 juin au tribunal de commerce de Villefranche-sur-Saône (Rhône).
La requête s’annule si un repreneur propose un plan de reprise
Cette requête peut être levée à tout moment, si une entreprise fait une proposition de reprise. À ce jour, un seul candidat est connu, un industriel qui tarde à faire des propositions « nous comprenons que c’est une décision qui demande du temps, mais du temps, on n’en a plus » regrette Thierry Pacôme. La date limite des dépôts de candidatures a été repoussée, mais est définitivement passée, fin mai.
La direction de l’entreprise Impériales Wheels s’est déclarée en cessation de paiements auprès du tribunal de commerce le jeudi 22 février 2024.
Si les lignes de production tournent encore à la veille de l’été 2024, c’est grâce à une commande de Stellantis, qui a convaincu le tribunal de commerce à poursuivre sa période d’observation jusqu’à mi-juin.
L’ensemble des forces de l’entreprise devaient se concentrer sur un nouveau site, au forum du Poinçonnet très prochainement. Dans la reprise en 2022, la société EDS avait parié sur une nouvelle technologie innovante.
Un grand projet tombé à l’eau
L’avenir semblait alors radieux, et huit lignes de production devaient être opérationnelles pour le déménagement. Aujourd’hui, une seule ligne est prête « c’est inacceptable qu’on en soit là » s’agace Thierry Pacôme « c’est du gâchis ».
Dans une question posée au ministre de l’économie et publiée le 13 juin, Fabien Gay (Sénateur communiste de la Seine-Saint-Denis) s’interroge: « Sur les 60 millions d’aide publiques » apportés à l’entreprise lors de son rachat en 2022. « La dernière tranche de 15 millions n’a pas été versée à l’usine. Ce retard contribue à freiner les banques à investir dans la société pour moderniser l’appareil de production« . Une ultime aide qui s’était inscrite dans un plan de sauvetage négocié entre le repreneur, la société d’Émile Di Serio (EDS), l’État et la Région.
Où est passé l’argent ? Se demandent alors les syndicats. « Aujourd’hui, on n’a plus de volume de production, ni de trésorerie » regrette Thierry Pacôme. S’il n’est pour l’instant pas question de demander à l’Etat une reprise d’Impériales Wheels, les syndicats lui demandent de prendre ses responsabilités. « Il reste encore un peu d’espoir, mais l’ambiance se tend dans l’entreprise, à mesure que l’audience au tribunal approche ». Lui qui travaille dans l’entreprise depuis plus de 30 ans a connu quatre redressements judiciaires « mais celui-ci est plus difficile« . Il craint désormais pour l’avenir des 180 salariés d’Impériales Wheels. Un nouveau CSE extraordinaire se tiendra lundi 17 juin.