« Hier, samedi 6 octobre 2012, je me suis rendu au lycée Jehan-de-Beauce à Chartres pour la traditionnelle journée du sable.
Dès mon arrivée dans l’atelier de fonderie je fus surpris par deux choses. Tout d’abord par la confirmation du dicton : « nul n’est indispensable » puis par l’intérêt porté au sable par les participants. Et pendant que les uns s’éreintaient dans l’atelier, d’autres s’afféraient à transporter tables et chaises, vaisselle et couverts, apportaient victuailles et boissons afin d’organiser un repas digne de Luculus… Et il le fut.
Revenons dans l’atelier de fonderie. Comme je n’avais rien d’autre à faire que regarder les uns et les autres, je me mis à rêver au sable, formé de petits grains dont un seul peut enrayer une mécanique énorme. Petits grains arrachés aux montagnes par le vent et la pluie, charriés par les torrents, les rivières et les fleuves. En ce jour, tamisé, malaxé, tassé, modelé jusqu’à ce qu’il reçoive le métal en fusion. Comment ce matériau si ténu, pulvérulent, si sensible aux courants d’air ou d’eau, peut il accueillir en son sein de si lourdes charges, de si fortes températures ?
M’étant approché du creuset, je vis de vieux robinets, d’anciens coussinets, des morceaux informes qui se mêlaient en un liquide rougeâtre qui enfantera le sable devenu matrice de laquelle sortira une nouvelle vie issue de la fusion de vies passées. Qui aurait pu penser que ce robinet hors d’usage qui avait fait couler tant d’eau renaîtrait sous forme de statuettes, de cendriers et autres trésors et clochettes…
Cette journée m’a permis de mieux comprendre une phrase souvent entendue : « Nous sommes des passeurs ». En effet, tout passe : le passé vers le futur (quant au présent, rien que d’y penser, c’est déjà du passé), tout passe d’une rive à l’autre, tout passe, s’érode, s’use et disparaît. Toutefois gardons « Haut les cœurs » car tout se remplace, tout évolue, tout continue, tout se reconstitue. »
Frédéric Tachot imprimeur de caractères.
Pas encore de commentaires sur de telles paroles de notre poête préféré….. capable de nous couler la médaille de la face cachée de sa cousine, et de fondre dans le même temps une belle prose.
Et pourtant que la fonderie est belle
Comment peut-on s’imaginer
en voyant couler ces merveilles
qu’elle puisse……….
Une fois de plus, Maître Tachot nous régale de ses observations et les met bien en musique.
Les fondeurs ne sont pas des poètes, mais JFBA a trouvé le sien.
Merci à Patrice Moreau de nous l’avoir fait connaître, car c’est un Personnage.
Ce n’est pas un rêveur, mais un réaliste.
Merci Frédéric.
Piwi aurait pu mettre la photo de la médaille de la cousine.