Pourquoi Stellantis joue gros dans la grève de l’automobile américaine
Le mouvement du syndicat des ouvriers automobiles, l’UAW, s’il s’étend et se prolonge, pourrait venir pénaliser les résultats du groupe, très exposé à l’Amérique du Nord. Le constructeur a toutefois pris des contre-mesures.
Supplice chinois aux Etats-Unis pour Stellantis. Petit à petit, le syndicat des cols bleus de l’automobile américaine, l’UAW, entend augmenter la douleur infligée au groupe automobile américano-européen, ainsi qu’à GM, dans le cadre de la grande grève lancée pour la renégociation des conditions salariales pluriannuelles du secteur, qui s’est durcie depuis vendredi dernier.
Dans un premier temps, l’UAW n’avait ciblé que l’usine de Toledo, qui assemble les Jeep Gladiator et les Wrangler. Ce dernier modèle, un gros 4×4, remporte un grand succès et l’usine tourne à un rythme d’environ 4 à 5.000 véhicules par semaine, selon UBS. Mais ce n’est pas non plus la poule aux oeufs d’or que sont les pick-up de la marque RAM, que le syndicat ne s’est pas encore décidé à plumer.
Le salaire de Tavares dans le viseur de l’UAW
Sans s’attaquer directement aux usines stratégiques, l’UAW entend lentement asphyxier les sites de production de Stellantis. Il a étendu la grève aux centres logistiques du groupe . Ce dernier aurait toutefois constitué des stocks importants ces derniers mois en prévision du mouvement social. De quoi tenir « plus que les autres constructeurs », soit une centaine de jours sans que les clients manquent de voitures, affirme une source proche de Stellantis.
De fait, les stocks du groupe sont passés de 41 jours en mars à 57 jours en juillet. En face, l’UAW a mis en avant une caisse de grève dotée de 825 millions de dollars pour tout le secteur. De quoi tenir presque trois mois, d’après le cabinet de conseil Evercore ISI.
Stellantis est particulièrement dans le viseur du patron de l’UAW, Shawn Fein. Celui-ci a une longue histoire avec le groupe, ayant travaillé dans une de ses fonderies par le passé. Au mois d’août, il s’est attaqué aux rachats d’actions de l’entreprise ainsi qu’à la rémunération de Carlos Tavares . Fait aggravant, s’est récemment plaint Shaun Fain dans le « Detroit Free Press », le patron portugais n’aurait pas montré d’empressement à le rencontrer.
L’UAW frappe Stellantis sur son point fort. Le groupe tire une grande partie de sa puissance financière de son exposition aux Etats-Unis – et sa faible exposition au difficile marché chinois. Les pick-up et gros 4×4 y règnent en rois de la route, des modèles générant des marges opulentes. Nulle surprise que les deux marques les plus rentables de Stellantis, Jeep (25 % des revenus du groupe) et RAM (19 %) sont américaines.
Sur les 14 milliards d’euros de résultat d’exploitation du premier semestre, pas moins de 8 milliards proviennent de cette région, générant une marge opérationnelle de 17,5 % (contre 10,7 % pour l’Europe élargie).
Un impact de près d’un demi-milliard
Lorsque seule l’usine de Toledo était concernée, l’impact était contenu à 75 millions de dollars de résultat opérationnel en moins par semaine de grève, selon les analystes d’UBS.
En revanche, une grève globale sur tous les sites – l’UAW n’en est pas encore arrivé là – plomberait le résultat d’exploitation de 470 millions de dollars par semaine, selon les analystes de Bank of America.
Toutefois, ce chiffre est calculé sans tenir compte des sévères contre-mesures d’économies mises en place par Carlos Tavares en Amérique du Nord, via son plan de contingence. De plus, cet effet pourrait être minimisé, si la grève se poursuit, par le manque même de voitures. En effet, cela pourrait redonner, avancent les analystes d’UBS, un levier aux constructeurs pour de nouveau augmenter les prix.
Si M°Tavarès, expert reconnu du monde automobile, est respecté pour son aptitude à piloter un grand groupe de ce type, il a certainement tort de penser que l’on gère une grève aux Etats Unis comme en Europe ou en France;
Dans un tout autre domaine les américains viennent d’obtenir gain de cause après plus de 8 mois de conflit situation qu’un constructeur automobile responsable ne peut pas acceptersurtout lorsque ses résultats dépendent largement de ce continent.
Quand à ses revenus, plus qu’un salaire d’ailleurs, chacun à sa propre idée sur le sujet mais certaines limites seraient peut-être les bienvenues.