Pascal Graindorge a structuré et illustré son propos avec un diaporama riche et immersif de quelque 182 documents. « Il ne reste rien des papiers d’archives jetés à la poubelle. J’ai travaillé à partir des documents collectés par les Fonderies de Sougland sur Internet. Je les ai rangés par thématiques, les cartes, les catalogues, les photos des personnes et du site de manière à établir un historique », prévient le conférencier qui réside à Laon, ancien journaliste spécialisé notamment dans le chauffage et grand défenseur du patrimoine.

Quand il évoque la doyenne industrielle des Hauts-de-France et son savoir-faire d’excellence, c’est avec des yeux de Chimène. « Je suis né à SaintMichel, à 1 km des fonderies et j’étais chauffé avec un poêle Sougland. Et des membres de ma famille y ont travaillé. Rien n’a bougé depuis cinq siècles, témoigne-t-il. Le Gland passe toujours de la même manière. Et ça a fait vivre des générations d’habitants. »

En 2024, l’entreprise née en 1543 à Saint-Michel a soufflé ses 481 bougies. Florence Lang en est aujourd’hui la présidente et Yves Noirot le directeur général. La longévité de Sougland s’explique par sa capacité d’adaptation pour répondre aux enjeux des époques traversées en étant toujours à la pointe de l’innovation dans les domaines de la fonderie, de l’usinage et de la mécano-soudure.

Savoir-faire d’excellence

« J’ai investigué pour un récit global et chronologique de la signature du bail à ses origines au lieu-dit de Sougland pour y bâtir une forge et un fourneau, à son arrêt pendant la Révolution française et son redémarrage en 1876. Et ça peut faire un livre. C’est un projet à l’étude qui pourrait être édité par la Société, explique le conférencier. Les Fonderies rayonnent à l’international et fabriquent des objets de moins d’un kilo à plusieurs quintaux. Son catalogue est riche de 150 recettes de fonte et 150 recettes d’acier moulé ou coulé. Ils font des composants pour des industriels ensembliers. Ils font des pièces pour l’US Navy et la Nasa », instruit-il. Le savoir-faire ancestral de Sougland a essaimé partout en France. À l’instar de l’église Saint-Martin de Colmars-lesAlpes où se trouve un magnifique poêle Sougland. Le musée de la Thiérache en possède un aussi. « C’est le modèle Cheminée irlandaise, décor émaillé 502 montrant des faisans. Fabriqué en 1913, il avait été acheté par les époux Étienne Huyon et Antoinette Philippot, habitant à Iviers. Il a fonctionné jusqu’en 1997, donné par Alain Huyon, habitant Senlis. Godin et Sougland ont toujours été en concurrence frontale du milieu du XIXe siècle jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Godin a toujours été plus gros bien sûr », signale Pascal Graindorge, intarissable sur le sujet des Fonderies.