Plutôt que de rêver d’une nation vivant en autarcie, nos concitoyens devraient aussi reconnaître que notre priorité ne doit pas être de produire des milliards de masques 20 à 40 % plus chers que ceux venant de Chine. Un Etat stratège doit surtout savoir anticiper, constituer des stocks de précaution, acheter vite et bien dans l’urgence et être capable de mobiliser ses industriels en cas de besoin. Si nous cherchions à tout produire chez nous, nous payerons tout beaucoup plus cher et nos partenaires commerciaux arrêteraient de nous acheter le moindre produit. Nous serions perdants.
Il n’en reste pas moins vrai que la France peut et doit faire plus pour essayer d’attirer des usines et les emplois qui vont avec. Pour relever un tel défi, il faut commencer déjà par tout faire pour préserver ce qui reste de notre tissu industriel . Evitons aussi d’envoyer aux Amazon et Renault de ce monde des signaux négatifs en fermant leurs sites pour des raisons qui semblent plus de forme que réellement sanitaires.
Les usines de demain
Fixons-nous des ambitions réalistes et une stratégie. La France ne fera pas revenir les usines déjà parties. Il faut essayer d’attirer les futures qui vont se bâtir sur de nouvelles technologies pour répondre à de nouveaux besoins. On ne va pas fabriquer ici des Logan d’hier. On peut y assembler la voiture électrique de demain.
Enfin, il faut poursuivre la politique de baisse des charges, l’investissement dans la formation, l’innovation et nos infrastructures, qui représentent nos avantages comparatifs. Luttons aussi contre notre bureaucratie et nos normes envahissantes. Et il conviendra d’associer nos partenaires européens dans la vision d’une Europe moins naïve, défendant un commerce ouvert mais équitable et plus soucieux de l’environnement.