C’est un peu par défaut que Saint Jean Industries a obtenu, hier, du tribunal de commerce de Nanterre, les clefs de la Fonderie du Poitou Aluminium (FDPA), appartenant jusqu’à présent au groupe Montupet. Le concepteur et fabricant rhodanien de composants pour l’automobile, les poids lourds et l’aéronautique, s’est retrouvé en première ligne après le retrait, en fin de semaine dernière, du groupe Arche, autre candidat ayant déposé un plan de cession. Trois jours plus tard, ce dossier a fait irruption dans la campagne quand le candidat UMP et président sortant, Nicolas Sarkozy, est venu sur place pour dévoiler cette reprise.
« Soutien extraordinaire »
Ecartant tout sous-entendu politique, Emile Di Serio, PDG de Saint Jean Industries (177 millions de ventes consolidées réalisées en 2011 avec 1.400 collaborateurs) ne peut, toutefois, que se féliciter « du soutien extraordinaire » débloqué « pour préserver l’emploi sur un territoire ». De fait, l’opération bénéficie d’une aide financière de 39 millions d’euros : 19 millions d’euros de Renault – créateur et actionnaire de la fonderie de 1979 à 1998 -12 millions du Fonds de modernisation des équipementiers automobiles (FMEA) sous forme d’augmentation de capital dans le holding de tête de Saint Jean Industries et 8 millions d’avances remboursables des pouvoirs publics, au titre de la revitalisation. Une convention entre la région Poitou-Charentes, l’Etat et le fonds de formation de l’UIMM dégage 4,7 millions d’euros pour la formation du personnel.
En parallèle, le repreneur débourse 2 millions d’euros pour prendre possession des actifs de FDPA et annonce qu’il va « investir 24 millions pour remettre à niveau cette usine et la doter des dernières technologies nécessitant des formations du personnel ». Le repreneur, qui est basé à Saint-Jean d’Ardières (Rhône), réembauche 399 des 455 salariés. Emile Di Serio explique que les emplois conservés correspondent au chiffre d’affaires, à terme. Le plan de charge est assuré par le constructeur au losange : il s’est engagé à commander 600.000 culasses en 2012, volume qui sera progressivement porté à 1 million d’unités en 2015, avec l’arrivée de nouveaux modèles.
« Avec tout cet argent investi, il aurait peut-être été plus judicieux que Renault reprenne directement l’entreprise. Après tout, le repreneur est celui qu’ils ont choisi, et avec 85 % du carnet de commandes, ce sont eux qui décident de notre avenir », estimait hier Eric Bailly, porte-parole de l’intersyndicale. Les salariés de FDPA, qui ont toutefois bien accueilli la nouvelle, annoncent vouloir rester vigilants. « A-t-on le choix ?, soulignait hier Eric Bailly, à la sortie d’une réunion avec Emile Di Serio sur le site de l’entreprise. L’avenir nous dira si c’était la bonne solution. En tout cas, ce sont de vrais industriels qui ont un projet de diversification vers de nouvelles technologies de production de culasses pour le marché italien. M. Di Serio nous a dit qu’il voulait sortir les premières pièces dès 2013, donc c’est un projet qui doit être mis en oeuvre rapidement. »
Avec ce site d’Ingrandes (Vienne), qui porte à six le nombre de ses usines dans l’Hexagone et douze dans le monde, l’acheteur beaujolais, inventeur du procédé Cobapress, fait incursion dans les culasses et complète ainsi son offre dans les pièces de support moteur. De plus, le groupe monte en puissance chez Renault qui « ne représentait que 1,4 % de notre activité globale. Et nous allons entrer chez Nissan, qui ne figurait pas encore parmi nos clients » , met en avant Emile di Serio.
Si la PME familiale, fondée en 1962 par son père et labellisé en mars dernier fournisseur majeur de PSA Peugeot Citroën, a connu un beau parcours, la décision de fermer et de liquider en 2009 son unité de Vénissieux (Rhône) continue de faire des remous dans la région.
Marie-Annick Dépagneux
et Jean Roquecave
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