L’exposition Rodin accueillie par le musée des Beaux-Arts de Montréal (lire ci-dessous) cet été a reçu près de 203.000 visiteurs ! Le sculpteur reste une valeur sûre, ce qui est de bon augure pour la réouverture du musée Rodin à Paris, le 12 novembre prochain.
Il aura fallu plus de trois années de travaux pour restaurer et mettre aux normes de sécurité et d’accessibilité l’hôtel Biron, qui abrite, dans le 7e arrondissement de Paris, près des Invalides, le musée Rodin depuis son ouverture, en 1919. La rénovation de cet écrin du XVIIIe siècle, qui affiche 700.000 visiteurs par an, a été l’occasion de repenser totalement le parcours muséographique à travers 18 salles et 600 oeuvres. « Nous avons privilégié le rapport direct entre le visiteur et la sculpture, et soigné l’interaction avec le jardin », souligne la directrice du musée Rodin, Catherine Chevillot.
BIRON GRAY, COULEUR UNIQUE
Le public va aller de surprise en surprise : pièces en plâtre sorties des réserves pour illustrer la genèse de l’oeuvre de l’artiste, espace dédié aux collections d’arts graphiques et de photos, salle restituant la présence de Rodin à l’hôtel Biron, lequel fut sa demeure à partir de 1908, accrochage d’une cinquantaine de peintures appartenant au sculpteur (Van Gogh, Edward Munch, Eugène Carrière…). Coût de ce lifting : 16 millions d’euros, financés à 49 % par le ministère de la Culture et à 51 % par le musée lui-même.
Autant dire que Catherine Chevillot a multiplié les efforts pour boucler son budget. La Fondation Cantor a notamment apporté un mécénat de 1,8 million d’euros, affectés à la réalisation d’un mobilier spécialement conçu pour accueillir les sculptures, tandis que Farrow & Ball a créé une couleur unique, Biron Gray, pour une mise en valeur maximale des œuvres.
DIVERSIFIER LES RESSOURCES
C’est une très longue histoire qui lie la fondation des collectionneurs Iris et B. Gerald Cantor au musée Rodin. Les mécènes ont acheté à l’institution plus de 700 bronzes à ce jour. En effet, Auguste Rodin a non seulement donné à l’Etat ses collections en 1916, mais il a également cédé ses droits d’auteur. Chacune de ses oeuvres (plus d’un millier !) compte douze exemplaires autorisés. Le musée tire de ces ventes, à des privés ou à des institutions publiques, de 3 à 6 millions d’euros par an. « Nous avons ainsi constitué une réserve qu’il va nous falloir reconstituer, car nous devons encore rénover le jardin de l’hôtel Biron, pour 10 millions d’euros, ainsi que notre second site de Meudon, pour 10 millions également », poursuit Catherine Chevillot.
D’où la nécessité de diversifier les ressources par une politique commerciale plus offensive : de la vente de produits dérivés à la conception d’expositions. Ainsi l’événement proposé à Montréal ira ensuite en Virginie et en Oregon. Rien de tel, en outre, pour doper la cote du sculpteur et la demande du marché de l’art.