Cette révolution technologique que prépare Renault pour ses futures voitures électriques
Le constructeur planche sur une dizaine de projets d’innovation dans le cadre de son futur plan stratégique. Il travaille notamment à déplacer le moteur là où on ne l’attend pas.
Par Lionel Steinmann le 18 mars 2025
En ressuscitant la R5 Turbo en version électrique, Renault fait fantasmer tous les amateurs de conduite sportive. Plateforme et design spécifiques (la voiture ne comporte que deux places et deux portes), superstructure en carbone, passage de zéro à 100 km/heure en moins de 3,5 secondes… Le constructeur prépare pour 2027 une petite bombe sur roues dont la diffusion sera restreinte à 1.980 exemplaires numérotés. Mais au-delà du joli coup d’image, Renault en profite aussi pour explorer le potentiel d’une innovation qu’il compte bien diffuser largement dans ses futurs modèles à batterie.
La future R5 Turbo 3E sera en effet non pas dotée d’un, mais de deux moteurs électriques, qui seront logés… dans les roues. Et selon nos informations, le constructeur est convaincu de l’intérêt de cette solution. Au point de faire figurer le moteur roue dans la dizaine de projets d’innovation qui constituent le coeur de Futurama, le prochain plan stratégique du groupe, dont la présentation est prévue en fin d’année.
Le passage du thermique à l’électrique permet en effet de doter les voitures de moteurs beaucoup plus petits. Les loger directement dans la roue offre, sur le papier en tout cas, de nombreux avantages. Plus besoin tout d’abord d’arbre de transmission et de cardan. Le risque de panne est réduit, tout comme le poids du véhicule, ce qui augmente l’autonomie.
Plus de place
La proximité roue moteur contribue également à diminuer les pertes de rendement, et contribue là aussi à allonger l’autonomie. Enfin, l’absence de moteur central, ainsi que la possibilité de rapprocher les roues des quatre coins de la voiture, libère de la place à l’intérieur du véhicule.
Renault n’est pas le seul à avoir identifié ce potentiel. Le groupe Hyundai-Kia explore lui aussi le sujet, tout comme l’américain General Motors, ou encore la jeune pousse finlandaise Donut Lab, qui a présenté ses prototypes au dernier CES de Las Vegas. Mais la faisabilité technique et la rentabilité commerciale à grande échelle sont loin d’être acquises.
Michelin, avec son projet Active Wheel, a par exemple labouré le sujet pendant dix ans, avant de jeter l’éponge. Les équipes d’ingénierie du losange sont conscientes des embûches, mais sont également persuadées que les progrès de la technologie vont permettre de les surmonter.
Attention à la tenue de route
Parmi les problèmes à résoudre figure le risque de surchauffe au moment du freinage, ainsi que la gestion des masses non suspendues : des roues plus lourdes peuvent nuire à la tenue de route, ainsi qu’au confort pour les passagers. Les essais en cours ont identifié des pistes de solution dans les deux cas.
Le constructeur n’en est encore qu’au début de sa démarche, avec notamment un benchmark de ce qui se fait du côté de la concurrence. Les moteurs roues de la future R5 Turbo seront fournis par un prestataire. Mais Renault espère bien disposer d’une solution maison après cette date. Sur les sujets identifiés comme stratégiques, à l’instar de celui-ci, le constructeur entend désormais maîtriser et concevoir en interne. La réforme de l’ingénierie du groupe enclenchée le 1er février va dans ce sens.
Cet effort d’innovation porté par le futur plan stratégique doit se traduire progressivement dans les véhicules qui seront lancés entre 2028 et 2032. Les motorisations électriques avec prolongateur d’autonomie (EREV) font également partie, selon nos informations, des projets développés dans le cadre de Futurama.
Toutes ces initiatives n’iront pas au bout, mais l’ambition est d’aboutir à un taux de transformation autour de 50-60 %, indique une source. Sur ce total, 80 % doivent être reconnus comme un élément différenciant par les clients.
Lionel Steinmann