Acheteur ou généreux mécène, la question reste ouverte, mais l’agence Bloomberg affirme que le Français Montupet cherche de l’argent frais. La même source rapporte que l’équipementier a engagé la banque d’affaires Jefferies afin d’organiser une éventuelle vente, pour quelque 700 millions d’euros. Si l’information reste pour l’heure encore vague, elle sous-tend des questionnements aux implications plus vastes. Qui pourrait se montrer tenté d’investir, voire de reprendre un spécialiste de la fonderie aluminium, un secteur qui a le vent en poupe dans l’automobile ? On chuchote le nom de Valeo, pour ses implications dans de nombreuses fonctions de l’automobile intégrant ce matériau. Le (très discret) Valeo, qui, alors que les équipementiers partout dans le monde se concentrent, reste étonnamment seul, avec succès entendons-nous bien…
Mais aussi des équipementiers spécialisés dans le plastique, Faurecia et Plastic Omnium en première ligne… En effet, si l’aluminium ne constitue pas aujourd’hui leur cœur d’activité automobile, le véhicule du futur ne sera pas, même demain, constitué exclusivement de composites. Il peut donc se révéler intéressant de disposer de l’ensemble des technologies matières, pour développer des hybridations, notamment entre l’acier et les composites, ou encore entre l’aluminium et les matériaux plastique… A ce titre, Renault vient de réaliser de gros investissements dans sa fonderie aluminium du site de Cléon, preuve de l’intérêt de ce métal pour l’avenir. PSA pourrait donc être tenté de faire de même, via sa filiale Faurecia.
Un autre Français, de moindre envergure, mais plus spécialisé, attire notre attention. Il s’agit de Le Bélier, œuvrant sur le même secteur, et qui vient d’annoncer un chiffre d’affaires du troisième trimestre en hausse de 10,9%, à 63,86 millions d’euros. Alors qu’il a racheté le groupe chinois HPDCI l’été dernier, une nouvelle croissance externe lui permettrait de mutualiser les achats de matière première, dont la hausse va se poursuivre. Par ailleurs, Le Bélier, bien implanté chez les constructeurs français, profiterait des bonnes relations qu’entretient Montupet avec les constructeurs allemands et américains…
Les autres candidats potentiels, émanant eux aussi uniquement de notre esprit tortueux, pourraient aussi venir de plus loin. Des groupes comme Bosch par exemple, ou ZF, nullement effrayés par la somme, pourraient se montrer tentés de se rapprocher d’un pourvoyeur de pièces brutes… Sans oublier les grands freineurs, Federal Mogul pour ne pas le citer, ou Brembo. Les quelques semaines à venir devraient éclairer notre lanterne, mais espérons que l’industrie automobile française fasse montre d’un sursaut de patriotisme, et ne laisse s’évader sous pavillon étranger un fleuron du secteur.