« Ce démarrage en douceur va permettre de vérifier la bonne mise en pratique des protocoles de sécurisation des salariés, notamment le recours à des salariés volontaires. Personne ne doit venir travailler avec la boule au ventre », abonde Laurent Gautherat, responsable de la CFE-CGC du site de Mulhouse et secrétaire du Comité social et économique central de PSA.
Quid des usines de production de voitures ?
Si cette reprise intervient d’abord dans les usines mécaniques et brut, c’est parce que ces sites, qui emploient environ 2 000 des 5 000 salariés de PSA à Mulhouse, produisent des pièces pour tous les sites européens – voire au-delà – du constructeur automobile.
Pour ce qui est des usines terminales qui produisent des véhicules, PSA a annoncé ce lundi un prochain redémarrage de quelques sites hors de France mais aucun des principales usines de l’Hexagone. « La reprise de la production de véhicules dépendra de la vigueur de l’activité commerciale lorsque les concessions rouvriront », a précisé le directeur industriel, Yann Vincent. La prudence de PSA, qui dispose d’un confortable carnet de commandes, soit plusieurs centaines de milliers de véhicules à l’échelle mondiale, est compréhensible. Aucune entreprise n’a intérêt à produire des véhicules dans un marché dont personne ne connaît l’évolution. Les concessions auront beau rouvrir lundi prochain, il est improbable que les clients se bousculeront pour acheter des véhicules au vu des incertitudes économiques créées par la crise sanitaire.
Un risque d’atonie du marché automobile accru sur le haut de gamme
Phénomène aggravant pour le site mulhousien, l’usine terminale produit deux véhicules haut de gamme, la Peugeot 508 berline et break, et la DS7 Crossback. Or ce sont bien les véhicules premium, dont les tarifs sont supérieurs à 40 000 €, qui risquent de subir le plus fortement la crise économique qui s’annonce. « Pour Mulhouse, on verra dans le temps », a simplement commenté ce lundi le directeur industriel de PSA, interrogé sur le fait que Rennes et surtout Mulhouse pourraient, du fait de leur production de véhicules moyen et haut de gamme, être les dernières usines françaises à redémarrer. « Comme pour Sochaux, nous travaillons sur différents scénarios », a remarqué Yann Vincent.
Alors que 2020 s’annonçait comme une année creuse depuis l’arrêt, à l’automne 2019, de la production de la 2008, seulement remplacé mi-2021 par l’arrivée de la nouvelle 308, la crise du Covid-19 pourrait donc impacter très fortement le site mulhousien, notamment en termes d’emplois. « On risque bien d’être les derniers à reprendre et, si la production redémarre avant l’été, ce sera probablement avec une seule équipe », pronostique Laurent Gautherat qui n’oublie pas que les principaux marchés de PSA sont la France, l’Italie et l’Espagne.
« Du fait des incertitudes sur l’emploi, les salariés risquent de reporter ou d’annuler l’achat qu’ils envisageaient. Dans les entreprises, du fait de la dégradation de la trésorerie, les achats de flottes ou des professions libérales devraient connaître les mêmes effets. Ce qui pourrait réduire à peau de chagrin les ventes des voitures haut de gamme dans les prochains mois », prédit un analyste automobile.
La situation de PSA Mulhouse, qui s’annonçait compliquée en 2020, est en train de s’assombrir un peu plus encore sous l’effet du Covid-19