La fonderie et Piwi

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Par : piwi
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mardi 25 Nov, 2025
Catégorie : Non classée

Premiers sons d’une cloche fondue à partir d’armes venant d’Ukraine

À Prague, premiers sons d’une cloche fondue à partir d’armes venant d’Ukraine

24/11/2025
Tomáš Halík lors de la cérémonie de bénédiction de la nouvelle cloche

Fabriquée par une fonderie néerlandaise à partir de restes d’armes provenant d’Ukraine et inaugurée en juin dernier par la reine des Pays-Bas, la cloche « Liberty Bell » a été récemment bénie et installée dans la tour de l’église Saint-Sauveur, au centre de Prague, en présence des ambassadeurs des Pays-Bas et de l’Ukraine. Reportage.

C’est une cloche de plus de 220 kilos et 69 cm de diamètre qui a été installée, à l’aide d’une grue, dans l’une des tours de l’église Saint-Sauveur, vide depuis 1916. Sa fabrication à partir d’armes russes rapportées d’Ukraine est un projet tchèque, néerlandais et ukrainien, comme l’explique l’un de ces initiateurs Ondřej Boháč, sonneur de cloches à Prague et fondateur de l’association Sanctus Castulus :

Ondřej Boháč | Photo: Michael Erhart,  ČRo 

« Par le passé, des milliers de cloches ont été confisquées, fondues et le bronze a été utilisé pour fabriquer des armes. Lors d’une rencontre avec les ambassadeurs des Pays-Bas et de l’Ukraine, nous avons décidé d’essayer d’inverser ce processus, c’est-à-dire d’utiliser des armes pour fabriquer une cloche. Nous avons fait rapporter d’Ukraine des douilles d’artillerie et les avons modifiées afin de pouvoir en faire fondre une cloche. De plus, au centre de la cloche se trouve le fragment d’une roquette russe qui a frappé l’Ukraine. »

La cloche 'Liberty Bell' | Photo: Magdalena Hrozínková,  Radio Prague Int. 

Rassemblé sur le front ukrainien, le matériel a été transféré en février dernier aux Pays-Bas, où la nouvelle cloche a été fabriquée à la fonderie royale Eijsbouts d’Asten. Des croix symbolisant les victimes de la guerre en Ukraine y ont été gravées, ainsi que des inscriptions en néerlandais, tchèque et ukrainien, dont une citation de la Bible (Galates 5:1) : « Demeurez donc fermes, et ne vous laissez pas mettre de nouveau sous le joug de la servitude. »

Prêtre et philosophe qui officie à l’église Saint-Sauveur, siège de la paroisse académique et une des églises catholiques les plus fréquentées de Prague, Tomáš Halík a souligné, lors de la cérémonie de bénédiction de la nouvelle cloche, que celle-ci symbolisait la solidarité avec le pays agressé par la Russie, plus encore que les drapeaux ukrainiens dont la présence sur les bâtiments publics fait actuellement débat en Tchéquie.

Tomáš Halík lors de la cérémonie de bénédiction de la nouvelle cloche | Photo: Magdalena Hrozínková,  Radio Prague Int. 

« Plus de trente ans après la révolution de Velours, nous nous rendons compte, avec le recul du temps, à quel point la liberté est fragile, précieuse et vulnérable. Nous observons des conflits armés dans des pays proches et lointains, tout en assistant à l’arrivée au pouvoir des gouvernements populistes qui mettent en péril la culture démocratique. En effet, nous sommes préoccupés par le sort de la démocratie dans notre pays », a encore déclaré Tomáš Halík, tout en formulant l’espoir que la nouvelle cloche installée dans son église « sonnera à une époque où l’Ukraine sera libre et démocratique ».

L’installation de la « Liberty Bell » s’inscrit également dans un projet plus vaste qui vise à faire revenir des cloches disparues dans les églises tchèques. Telle est la mission de l’association Sanctus Castulus, comme l’explique Ondřej Boháč.

La cloche 'Liberty Bell' a été installée dans la tour de l’église Saint-Sauveur | Photo: Magdalena Hrozínková,  Radio Prague Int. 

« Pendant les deux guerres mondiales et notamment sous l’occupation nazie, 95 % des cloches ont disparu du territoire tchèque. Ensuite, le régime communiste n’avait aucun intérêt à restaurer ces cloches, car elles avaient leur histoire, étaient très souvent liées aux communautés, à des gens concrets. Le régime totalitaire avait tout intérêt à rompre ces liens. Personnellement, je suis sonneur de cloches à Prague depuis l’âge de 13 ans et j’ai toujours regretté que nous n’entendions pas sonner les cloches de la Vieille-Ville dans leur ampleur d’origine, car généralement, dans les églises, on n’a laissé que la plus petite cloche. C’est aussi le cas de l’église Saint-Sauveur, où il y avait cinq cloches à l’origine, et il n’en est resté qu’une. Celle-ci, faite à donc à partir de restes d’armes, est précisément la vingtième que notre association a fait fabriquer. Nous aimerions encore faire fondre une troisième cloche pour cette église, car trois cloches produisent déjà un son très harmonieux. »

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