En Nouvelle-Aquitaine, c’est le travail que nous avons engagé avec des groupes comme Thalès, Safran, Turbomeca ou Dassault. Comme en Allemagne, nous devons tisser un réseau d’entreprises de taille moyenne, dans une logique de co-construction, afin de faire émerger une véritable classe moyenne de nos entreprises ancrée sur nos territoires : les ETI, justement. Cela suppose l’engagement des grands groupes, aspirés aujourd’hui à l’international. Ils doivent s’engager dans les territoires à structurer la sous-traitance avec la Région.
Décentraliser le financement de l’économie
Ensuite, il s’agit de garantir un apport en fonds propres à nos entreprises. A l’évidence, cela passera par nos territoires ! Mettons-nous à la place des chefs d’entreprise de PME : comment recruter, et comment se financer ? Voilà leurs principales préoccupations. Les start-up ne sont pas une proie, mais un projet : elles doivent devenir des PME, et nos PME des ETI, sans être cannibalisé. Sans cette chaîne, la France ne se réindustrialisera pas !
Le paradoxe apparent de la France est relayé abondamment : un taux d’épargne record, mais une centralisation de l’usage économique de cette épargne qui ne joue pas ou peu le risque, l’agilité, la proximité, la rapidité.
Nous avons manqué la régionalisation de la Banque publique d’investissement : je le regrette. Contrairement à l’Allemagne, où PME et ETI sont soutenues par les banques régionales, notre épargne dort chez les assureurs ou remonte à 80 % à Paris. Quel gâchis ! Notre financement de l’économie demeure trop centralisé. En 2018, pour remédier à ce manque, la Nouvelle-Aquitaine va se doter des outils pour accompagner en fonds propres les entreprises – et faire émerger cette classe moyenne d’entreprise.
Les régions doivent être la classe moyenne des pouvoirs publics.
A l’Etat de jouer son rôle dans la fiscalité, les normes, les grands enjeux technologiques, la relation aux grands groupes ; aux régions, au plus près de leurs « biotopes industriels et d’innovation », de mener ce travail dans la durée. Ayez confiance en vos régions, Monsieur le président de la République ! Car elles doivent être la classe moyenne des pouvoirs publics, les interlocuteurs privilégiés de nos acteurs économiques et industriels, à la manière des Länder allemands qui accompagnent quatre fois plus leurs PME. Ce n’est pas une question d’idéologie, mais de moyens adaptés à leur réussite.
C’est en tout cas le cas le plaidoyer du président d’une région qui marche, persuadé que croissance et ré-industrialisation reviendront ensemble – à condition qu’elles viennent aussi des territoires.
Alain Rousset est président de la région Nouvelle-Aquitaine