Dès l’annonce du plan d’économies drastiques de Renault, le 20 mai dernier, le ministre des Affaires étrangères s’est fermement opposé à la fermeture de la Fonderie de Bretagne, l’une des usines du constructeur automobile située à Caudan (Morbihan), prévue dans ce plan. Quitte à employer les grands moyens pour tenter de sauver les 400 salariés du site. Selon les informations du Canard enchaîné, l’inflexible ministre aurait en effet purement et simplement menacé de quitter le gouvernement.
Un bras de fer qui s’est finalement révélé payant, mais qui aurait pu aboutir à une grave crise ministérielle. Et pour cause, alors que les salariés du site de Caudan étaient en grève depuis une semaine, la direction de Renault a fait savoir qu’elle allait procéder à « un examen stratégique » et tenter de trouver un repreneur. Inacceptable pour Jean-Yves Le Drian, qui l’a bien fait savoir à Emmanuel Macron et Bruno Le Maire, jeudi 28 mai. L’ancien député du Morbihan et président du conseil régional de Bretagne a ainsi exigé que le ministre de l’Économie, chargé du dossier, demande à Renault de renoncer à son projet de fermeture.
Une victoire au forceps
Ce fut chose faite le lendemain même. À l’issue d’un comité social et économique organisé à Lorient avec la direction de Renault et les syndicats, le directeur du site de Caudan a pu annoncer aux salariés, massés devant les grilles de la sous-préfecture de la ville, qu’il n’y aurait « pas de fermeture et pas de projet de repreneur » pour la Fonderie de Bretagne. Une victoire âprement négociée, qui n’est donc pas étrangère à l’intervention de Jean-Yves Le Drian, déjà pressenti par certains pour succéder à Édouard Philippe à la tête du gouvernement.