Au large de la Toscane, ce musée sous-marin destiné aux poissons
Pour éloigner les chalutiers des grands fonds, un petit pêcheur italien de Talamone, en Toscane, a immergé une cinquantaine de sculptures de marbre réalisées par des artistes. Le résultat, écologique et esthétique, est spectaculaire.
Par Charlotte Meyer
Au fond de la Méditerranée, par 50 mètres de profondeur, reposant sur son lit de sable, une sirène de marbre semble s’assoupir, le visage à demi incliné. Autour d’elle, la vie marine bat son plein. Dans le halo des torches, des centaines, des milliers de petits poissons viennent danser autour de la femme immobile. Réalisée par les artistes Lea Monetti et Aurora Avvantaggiato, la sculpture n’est ni un vestige oublié ni un trésor naufragé. Elle est d’ailleurs loin d’être seule. Ici, dans la baie de Talamone, en Toscane, une cinquantaine d’oeuvres taillées dans le marbre sont immergées. Depuis plus de dix ans, ce véritable musée sous-marin, visité par une impressionnante faune aquatique, se déploie dans un seul but : empêcher les chalutiers d’abîmer les fonds marins.
Ce projet mi-artistique mi-écologique de la Casa dei Pesci (« la Maison des poissons »), est né de l’intuition d’un pêcheur artisanal de Talamone. En 2012, depuis son bateau, Paolo Fanciulli fulmine. Cela fait des années que cet homme, qui a mordu à l’hameçon du métier à l’âge de 13 ans, observe les dégâts causés par les chalutiers de pêche industrielle.
Charlotte Meyer