La guerre pour le sable est déclarée.
La consommation mondiale de sable a triplé en vingt ans, au point que les Nations unies invitent à repenser notre consommation de cette « ressource stratégique » qui attise les tensions entre Etats.
LES ECHOS Par Paul Molga
Une plage se tourne : après l’eau et les terres rares, le sable vient officiellement de faire son entrée dans le club des ressources en tension sur Terre.
« Notre utilisation du sable nous met dos au mur », avertit le Programme des Nations unies pour l’environnement, qui appelle à le reconnaître désormais comme « une ressource stratégique dont l’extraction et l’utilisation doivent être repensées ». L’intensité de son prélèvement est même jugée « insoutenable », explique un des responsables de l’organisation, Pascal Peduzzi, qui a lancé cet hiver une plateforme d’observation de l’extraction dans les mers et les océans, la Marine Sand Watch. « Son taux d’extraction dépasse désormais celui de son renouvellement », alerte-t-il. Notre tas de sable diminue.
Pour cause, sa consommation a triplé en deux décennies. Elle atteint désormais 50 milliards de tonnes par an. (Piwi a mis d10 ans pour en vendre 1 million de tonnes par an)
C’est neuf fois plus que le pétrole, et de quoi bâtir un mur de 10 mètres de haut et 10 mètres de large tout autour de l’équateur, illustre Pascal Peduzzi. Pilier fondamental de nos sociétés bétonisées, le sable est ainsi la seconde ressource naturelle la plus consommée dans le monde après l’eau. Il faut en compter environ 200 tonnes pour une maison, 3.000 pour un hôpital, 30.000 pour 1 km d’autoroute. La construction des 828 mètres de haut de la tour Burj Khalifa à Dubaï en a nécessité 45.000 tonnes ! Cet or jaune entre également dans la fabrication du verre, mais aussi des détergents, des lessives, du papier, du dentifrice, des cosmétiques et des microprocesseurs. « Il façonne le monde », résume Pascal Peduzzi.