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Par : piwi
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dimanche 26 Août, 2018
Catégorie : Selon la presse

Peugeot, l’ogre de Sochaux

Dans cette plaine marécageuse, tout a commencé en 1912, quand la Société Anonyme des Automobiles et Cycles Peugeot décide d’assembler des camions et des fourgonnettes entre le petit village de Sochaux – à peine 400 habitants – et la petite ville de Montbéliard. C’est le début de celle qui fut, des décennies durant, la plus grande usine de France, l’implantation du poumon économique de toute une région. « Grâce à nous, la Mairie vit très bien », sourit un cadre du constructeur. A la fin des Trente Glorieuses, Peugeot employait pas moins de 40.000 personnes, soit 40 % des actifs de l’agglomération montbéliarde…

« Sochaux en 1954 », la savoureuse vidéo d’époque

En un siècle, les lignes doubistes ont façonné quelque 25 millions de véhicules, avalant goulûment la main-d’oeuvre et le foncier. Après sa naissance, l’ogre de Sochaux fut d’abord un bon petit soldat de la Grande Guerre, participant activement à l’effort national en usinant obus, mitrailleuses ou moteurs d’avion. Le site prend une nouvelle dimension à la fin des combats. La famille Peugeot, active dans la contrée depuis un bon siècle, est allée à Detroit découvrir les prémices de l’automobile, et regagne son fief avec la conviction qu’il faudra de l’espace pour faire ses voitures. « On a toujours été en quête de superficie ici », souffle un membre de la famille Peugeot.

Dès 1917, son aïeul Robert Peugeot achète 200 hectares supplémentaires, afin de réunir tous les ateliers automobiles du groupe, à l’époque répartis sur plusieurs sites du coin. Il faudra attendre 1929 pour voir la Peugeot 201 être assemblée en série, selon les méthodes fordistes implantées par l’ingénieur Ernest Mattern.

Enfin, les Peugeot parlent
Déjà, l’usine cherche désespérément de l’embauche. Des préfabriqués sont construits pour les Vosgiens. Puis pour les Russes, les Italiens, les Suisses. Ce sera plus tard le tour des Vietnamiens, des Maghrébins et des Yougoslaves, après 1939-1945. Comme les autres, Sochaux subit l’occupation allemande, et voit Ferdinand Porsche, le père de Volkswagen , superviser les lieux, objets de réguliers sabotages.

Passée la Libération, Sochaux peaufine la 203, dévoilée en 1948. Sept ans plus tard, c’est la 403 qui est lancée. La 404 viendra en 1960. Alors, l’usine – qui a doublé de superficie pour atteindre 575 hectares – abrite 23.000 salariés. En 1968 (il y aura deux morts et 150 blessés cet été-là, lors d’une brutale intervention policière pour débloquer l’usine), c’est la 504 qui arrive, rejointe dix ans plus tard par la 505.

L’année 1979 marque l’apogée de la « Peuge », qui fait vivre 39.000 salariés, et même 41.000 ou 42.000 l’été, avec les stagiaires. Deux fois plus qu’en 1960. Mais l’âge d’or est révolu. D’ailleurs, Sochaux n’est plus la seule usine de la maison Peugeot. Mulhouse fait aussi des voitures à partir de 1971. Désormais, PSA fabrique ses engins dans le monde entier…

Cela ne veut pas dire que l'usine de Sochaux cesse subitement de prendre ses aises. Elle absorbe la route nationale qui passe au milieu des bâtiments durant les seventies - aujourd'hui, les salariés l'appellent d'ailleurs les « Champs-Elysées ». Au tournant des années 1990, on détourne même la rivière pour faire à nouveau de la place. Reste que l'ogre a entamé sa cure d'amaigrissement. Depuis le début des années 1980, on externalise une partie des productions, et les robots s'installent peu à peu (le premier ordinateur, un IBM, était arrivé en 1956).

PSA rétrécit son berceau de Sochaux
De nos jours, la ville de Sochaux compte 4.000 habitants, et l’usine emploie encore 11.000 personnes, en incluant les 2.000 intérimaires. Moins qu’Airbus à Toulouse. Avec les gains de productivité et le carton de la nouvelle Peugeot 3008, le site va tout de même produire environ 500.000 voitures cette année (soit 4,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires), presque autant que son record des années 1970.

Notre Gargantua n’occupe plus que 210 hectares et 55 bâtiments. Dans quelques années, à l’issue d’une vaste restructuration des lieux , 50 nouveaux hectares seront restitués à la vallée. « Sochaux, c’est un paquebot qui doit apprendre à réagir comme une Formule 1, explique Stéphane Dubs, le nouveau patron de l’usine. En l’état, ce site emblématique n’est plus adapté, il est moins compétitif qu’ailleurs. C’est le poids de l’histoire. » Charge à lui de réduire l’embonpoint de l’ogre de Sochaux, qui avale encore 800 tonnes d’acier par jour.

Julien Dupont-Calbo

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