LES ECHOS – Laurent Champaney DG de l’Ecole nationale supérieure des arts et métiers
Le renouveau de l’industrie passe par une redécouverte et une promotion nouvelle de ses métiers.
« Au-delà de la question d’un investissement massif dans des usines, celle des ressources humaines est particulièrement criante pour les entreprises industrielles françaises. »
A l’heure où l’on s’interroge sur l’avenir de la France, la question de la réindustrialisation du pays a curieusement disparu du débat public. Il semble pourtant évident qu’une redynamisation de l’appareil productif français est source d’emplois, de pouvoir d’achat et de souveraineté. Le « made in France » a la cote et les jeunes générations acceptent de payer plus cher pour des biens issus des circuits courts. Par ailleurs, le ralentissement de la Chine, empêtrée dans sa stricte politique anti-Covid, rend encore plus urgent le besoin de relocalisation de la production. Il semble donc vital d’accélérer la réindustrialisation de notre pays.
Au-delà de la question d’un investissement massif dans des usines, celle des ressources humaines est particulièrement criante pour les entreprises industrielles françaises. Elles font déjà face à de tels manques de personnels de terrain (opérateurs, techniciens, ingénieurs, …) qu’elles peinent à imaginer augmenter leurs activités dans un pays où leurs métiers attirent toujours aussi peu. Mais comment reprocher aux Français de ne pas avoir envie d’un métier industriel alors que jamais il ne leur a été donné l’occasion de s’y projeter ?
La belle industrie en action
L’industrie est en effet la grande absente de la culture française. Au mieux, on peut la voir sous ses plus noirs aspects, dans des films ou des séries historiques, mais elle semble avoir disparu dans notre culture contemporaine. Même dans les films de Stéphane Brizé qui dénoncent ses dérives (« En guerre » ou « Un autre monde »), l’industrie reste invisible. Malgré les problèmes qu’ils y expriment, les salariés semblent très fiers de leurs réalisations et de leurs machines, mais ni les uns ni les autres ne sont montrés à l’écran… Les reality shows ont envahi beaucoup de nos métiers mais pas ceux de l’industrie : l’amour est dans leur pré mais curieusement pas dans l’usine !
Pourtant au grand Salon annuel Global Industrie, il est facile de voir la belle industrie en action. Les machines et les organisations y sont montrées par des salariés fiers de leurs réalisations et la visite est toujours très enthousiasmante.
Mais à la différence du Salon de l’agriculture ou de celui du tourisme, il n’est pas perçu comme un Salon grand public. Il ne se visite pas en famille. Les femmes et les hommes politiques y font rarement des bains de foule et les journalistes le boudent. On n’y envoie pas les étudiants ni les classes de collégiens ou lycéens alors que chaque stand propose des offres d’emplois. Les universités et les grandes écoles n’y exposent pas les formations qui sont censées conduire vers les métiers de l’industrie. Quel gâchis !
Relocalisation
Les entreprises ont compris qu’elles devaient faire leur part des efforts de modernité et d’attractivité en étant plus respectueuses des femmes, des hommes et de leur planète et en proposant des environnements de travail accueillants et inclusifs. Elles avancent à très grands pas dans le champ de la responsabilité sociétale et sont prêtes pour la relocalisation. Mais elles ne réussiront pas seules !
Si elle veut réussir sa réindustrialisation, la France doit d’urgence redevenir fière de son industrie et la réintroduire, dans toute sa noblesse, dans sa culture pour générer des vocations. Alors parlez plus de notre belle industrie. Faites-en des livres, des films, des séries, des vidéos TikTok et des posts Instagram. Et pour bien commencer, courez à Global Industrie, du 17 au 20 mai 2022, au Parc des Exposition Paris Nord Villepinte !