LES ECHOS – extraits
EDF a détecté un phénomène de corrosion entraînant la fissuration d’une partie de la tuyauterie reliée au circuit primaire – au contact du combustible – de certains réacteurs nucléaires.
Les deux réacteurs de la centrale de Civaux sont touchés par la corrosion et à l’arrêt.
Cinq réacteurs à l’arrêt pour l’hiver. Et la série n’est probablement pas terminée. EDF doit faire face à l’indisponibilité imprévue d’une partie de son parc nucléaire.
A l’automne, l’énergéticien a détecté un problème de corrosion affectant un réacteur de la centrale de Civaux. Depuis, les contrôles menés sur trois autres unités ont révélé qu’ils étaient eux aussi touchés, tandis qu’un cinquième fait l’objet de fortes suspicions.
‘il s’agit là d’« un événement sérieux », et que d’autres mises à l’arrêt anticipées pourraient avoir lieu.
Quelle est la nature exacte du problème ?
A l’issue d’une série de contrôles menée fin octobre sur le réacteur de Civaux-1, arrêté le temps de sa visite décennale, EDF signale à l’ASN un possible défaut sur la tuyauterie du circuit primaire.
Les expertises métallurgiques ont révélé la présence de fissures provoquées par un phénomène de corrosion sous contrainte. « Il s’agit là de défauts « millimétriques » et qu’aucune fuite n’a été détectée.
Ce type de problème peut apparaître en présence de trois éléments :
un matériau sensible à la corrosion,
une contrainte mécanique et
un milieu agressif.
Cette dernière condition est remplie : le circuit primaire véhicule de l’eau à très haute pression (155 bars) et à très haute température (300 °C) contenant du bore, un élément chimique permettant de contrôler la réaction en chaîne. Cette eau sert à maintenir le combustible à température constante et, via un générateur de vapeur, à réchauffer l’eau du circuit secondaire qui alimente les turbines produisant l’électricité.
2. Où ont été repérées ces fissures ?
Les anomalies ont été détectées au sein de l’enceinte de confinement, sur le système d’injection de sécurité. Aussi appelé système de sauvegarde, il est relié au circuit primaire et doit pallier toute défaillance de ce dernier. En cas de fuite, il démarre automatiquement – en parallèle de l’extinction du réacteur – pour injecter de l’eau borée à partir d’un réservoir afin de maintenir le combustible nucléaire immergé et refroidi au sein du coeur.
Ce système repose sur deux voies redondantes, chacune capable d’assurer 100 % du refroidissement en cas d’incident. Mais les fissures repérées par EDF se trouvant sur une partie commune de la tuyauterie, l’ensemble du dispositif est concerné.
Autre problème, les anomalies se trouvent très près du raccordement avec le circuit primaire, sur une section non isolée de celui-ci par une vanne. Autrement dit, l’eau sous pression servant à refroidir le réacteur en fonctionnement normal y circule. Toute fuite toucherait donc directement le circuit primaire, tout en rendant potentiellement inopérant le système de sauvegarde.
3. Quels sont les réacteurs concernés ?
Il s’agit des réacteurs Civaux-1 et Civaux-2 dans la Vienne, et Chooz-2B, dans les Ardennes. Tous trois ont été arrêtés, de même que le quatrième réacteur N4, Chooz-1B, qui fait l’objet d’une enquête approfondie. Des fissures similaires, bien que plus modestes, ont été repérées sur le réacteur 1 de la centrale de Penly,
Civaux-2 et Chooz-2B ne redémarreront pas avant 2023.
EDF estime que ces arrêts devraient faire chuter la production électrique 2022 à son plus bas niveau en trente ans.
4. Pourquoi la réparation est-elle si longue ?
Voir des réacteurs indisponibles pour une année entière peut surprendre. EDF précise d’ailleurs qu’il est encore dans « la phase d’élaboration du programme de contrôle, en intégrant au fur et à mesure les conclusions des analyses et expertises ».
