Michel Grandry que PIWI Salue ici,se rappelle de la Libération de Sablé-sur-Sarthe, il avait 11 ans
Michel Grandry a été le témoin de la Libération, à Sablé-sur-Sarthe (Sarthe). Il avait 11 ans. Longtemps à la tête de la fonderie Grandry, il raconte.
Michel Grandry, 91 ans, est intarissable sur l’histoire de la fonderie Grandry, à Sablé-sur-Sarthe (Sarthe). Il l’a dirigée de 1960 à 1996 avant de céder l’entreprise.
L’histoire de l’entreprise sabolienne est indissociable de celle de la Seconde Guerre mondiale.
Une première usine dans les Ardennes
La fonderie Grandry a été créée en 1848 dans les Ardennes, à Nouzonville. En 1938, André Grandry (père de Michel) et son frère Pierre décident d’installer une deuxième fonderie, plus à l’ouest.
La famille avait déjà subi 1870-71 et 14-18. Ils se sont dit que ça commençait à faire beaucoup, on va aller plus à l’ouest.
La fonderie prend place à côté de la gare dans le bâtiment qui avait abrité la SAMAS (la Société Anonyme de Machines Agricoles de Sablé).
Le lundi 4 septembre 1939, Michel Grandry, 6 ans, et son frère de 9 ans, font leur première rentrée à Sablé-sur-Sarthe, à l’école Saint-Joseph. Michel Grandry n’a rien oublié. « On a eu la surprise de se faire appeler les Boches du Nord. »
L’arrivée des Allemands, un 19 juin…
La famille habite au 63 de la rue Gambetta. Michel Grandry n’oubliera jamais l’arrivée des Allemands. « C’était le 19 juin 1940. Les camions étaient sur toute la rue Gambetta. Ils étaient briqués. »
L’usine continue de fonctionner surveillée de près par l’occupant. « On était classé par l’armée Allemande. » Elle produit notamment des poussoirs de sous-pages pour des camions Ford à Poissy.
« Ils faisaient des camions qui partaient en Russie. Ils ne fonctionnaient pas car il faisait trop froid », estime Michel Grandry.
Des ouvriers réquisitionnés
Il a conservé précieusement toutes les archives de la fonderie dont la liste des 22 ouvriers réquisitionnés pour le Service du Travail Obligatoire (STO).
Toutes les semaines, nous leur envoyions des colis. On envoyait aussi des colis aux prisonniers de guerre, les Ardennais à la famille des Ardennes.
André Grandry possédait une voiture de la marque Ballot. « Il l’avait équipée d’un gazogène et transformée en une camionnette. Il était très souvent parti pour trouver du ravitaillement. »
Michel Grandry estime que son père n’a pas manqué de courage pendant cette période.
Il a employé secrètement un Alsacien qui, embauché de force par l’armée allemande, avait fui. Sur le papier, il était étudiant.
Dans les archives, il a trouvé plusieurs « rappels à l’ordre » de la Kommandantur. « Mon père traînait des pieds pour tout. »
Le dimanche 30 avril 1944, l’usine ferme, faute d’électricité et de charbon.
Il photographie les soldats de la 2e DB
Quelques semaines plus tard, les Alliés arrivent à Sablé. « Les premiers qui sont arrivés sont des Américains », poursuit Michel Grandry. « Ils sont passés à Sablé le lundi 7 août 1944. »
Il se rappelle aussi avoir vu passer les Allemands, en débâcle. « Ils étaient mal rasés, sales avec beaucoup de bouteilles vides. »
Deux jours après, la 2e DB arrive à Sablé. « C’était le 9 août 1944, d’après mes souvenirs, c’était vers les 7 h du matin. Tout le monde était sorti de sa maison et c’était une grande joie de ne plus avoir les Allemands dans notre ville. »
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Il se rappelle des chocolats distribués par les soldats. Michel Grandry immortalise le moment avec l’appareil photo qui lui avait été offert pour sa communion. « J’ai fait une photo d’un char défilant dans la rue Gambetta de Sablé. » Son père filme l’arrivée de la 2e DB et sa remontée par la rue Gambetta.
Des moments qui restent gravés à jamais dans sa mémoire.
J’ai eu l’occasion de rencontrer Mr Grandry qui était venu à Sablé lors de la célébration des 175 ans du groupe. Les 20 minutes passées à discuter avec lui resteront gravés dans ma mémoire tant les anecdotes et histoires furent nombreuses. Et je confirme qu’il est intarissable sur cette période avec une mémoire des dates, des lieus, des engins et des personnages qui m’ont impressionné.