votre article « L’Union Européenne a-t-elle décidé de tuer l’industrie automobile ? »
Auteur/autrice : Le Fondu Suisse (adresse IP : 147.161.139.108, 147.161.139.108)
E-mail : christophe.buch@georgfischer.c
Commentaire :
La messe est déjà dite. Le tissu industriel des sous-traitants européens de l’automobile est déjà entré dans une spirale infernale de dépôts de bilan et de faillites en cascade.
L’industrie automobile européenne va subir dans les 10-12 ans à venir le même sort qu’ont subi les industries européennes du textile et la sidérurgie dans les années 1960-1980.
Cet immense gâchis va se dérouler en 2 temps.
Tout d’abord, tous les constructeurs européens (et occidentaux) vont se voir évincer du plus grand marché automobile mondial : la Chine. C’est déjà le cas pour Stellantis et Renault, tout comme pour General Motors et Ford.
Je rappelle qu’il y a 9 ans de cela, la Chine était le premier marché de GM, devant les USA ! Le groupe Volkswagen et Mercedes vont suivre, car non seulement leur part de marché en Chine diminue inexorablement depuis plusieurs années, mais à présent ce sont les volumes de vente qui diminuent.
Même BMW, qui progressait encore l’an dernier en Chine et dont c’est également (et de loin) son plus gros marché, voit ses ventes reculer là-bas cette année.
Une fois les concurrents occidentaux évincés (ou quasiment) de leur marché local, ce sera au tour des constructeurs chinois d’investir en Europe afin de contourner les droits de douane imposés par l’Union Européenne. Ces nouvelles implantations à la pointe de la technologie feront le bonheur des collectivités locales, des régions et des états, qui subventionneront massivement ces installations, créant de fait une distorsion de concurrence avec les constructeurs européens embourbés dans leurs restructurations et autre plans sociaux en cours à ce moment-là.
D’aucun pourrait se dire: « Les constructeurs chinois seront une chance pour la sous-traitance européenne. » C’est bien mal connaître l’industrie automobile chinoise, sa culture et ses dirigeants.
Pour les pratiquer depuis 20 ans, et maintenant de manière intensive, je peux certifier qu’ils préfèreront toujours embarquer leurs sous-traitants chinois avec eux (en les forçant à investir en Europe) plutôt qu’en utilisant le tissu industriel existant. Ne serait-ce que pour avoir un levier sur les prix pratiqués par leurs fournisseurs. Sachez par exemple qu‘en fonderie en général, les constructeurs automobiles chinois ne payent pas la première dotation en outillage. Tout est amorti dans le prix pièce, et il n’y a pas de garantie sur les quantités. Le risque repose donc entièrement sur le fondeur. De plus, le mono-sourcing n’existe pas. Il y a quasiment toujours un minimum de 2 fournisseurs par pièce. Le moins cher livrera 70% à 80% des volumes. Cette part évoluant en fonction de la compétition entre les fournisseurs.
En résumé, si un fournisseur ne possède pas une technologie, un procédé ou une pièce qui présente au moins une caractéristique unique sur le marché, c’est juste une guerre des prix. Et à ce jeu, les entreprises européennes perdent le plus souvent.
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