Médiapart –
Récit de rencontres __(un extrait)__ avec les employés de MBF, fonderie d’aluminium en plein redressement judiciaire, 280 familles en danger, des semaines de grève. Paroles d’employés, d’invisibles, de sensibles. Ecouter ceux qui éprouvent plutôt que ceux qui pensent. Portraits.
Il ne s’agissait pas, à travers ces portraits, de donner une image idyllique de ces gens ou de la condition ouvrière, il y a certainement chez eux des fachos, des misogynes, des homophobes, des cons. Comme partout.
Plusieurs ont évoqué des prises de tête avant le début de la grève. Mais tous ont tenu à souligner, à leur manière, que ces différences n’avaient aucune importance face à la situation, révoltante. Indécente. « On est une famille. Et on s’engueule, comme dans toutes les familles », me rappelait Sassa lors de la visite. La force du clan. J’ai vu des gens de toutes origines, laotienne, algérienne, italienne, turque, portugaise… mettre de côté leurs différences pour s’unir afin de garder leur dignité. J’ai vu des bouddhistes au milieu de musulmans, de fervents catholiques et d’athées. Des femmes dans un monde d’hommes. Des jurassiens qui n’ont jamais quitté leurs montagnes au milieu de gens qui ont traversé l’Europe pour trouver du boulot. De vieux chibanis posés tranquille sur un banc entourés de jeunes qui ne tiennent pas en place. Tous unis face à la même injustice. J’ai vu des gens comme vous et moi, empêchés de vivre. A cause de qui ?
A cause d’un patron véreux qui se gave de millions à coups de holdings et d’évasion fiscale.
A cause de multinationales qui délocalisent et bougent leurs pions comme dans un jeu
A cause d’un Etat complice qui ne condamnera aucun des deux
Quelques puissants qui, du haut de leurs tours d’alu, s’échangent des cartes au Monopoly. Des enfants-rois qui se foutent de savoir que leurs caprices détruisent des vies entières. Ils font ça comme ça, en passant. Sans même accorder la moindre importance à la vie de ces gens. Il y a toujours des damnés de la terre. Ou de l’alu.
En grève depuis un mois, les salariés attendent le 11 mai, une audience au tribunal pour savoir si leur entreprise sera placée en liquidation judiciaire. Si vous souhaitez les soutenir : cliquez ici