1.570 MW envoyés sur le réseau électrique : l’EPR de Flamanville d’EDF tourne enfin à 100 % de sa capacité
L’EPR de Flamanville a atteint pour la première fois 100 % de sa capacité brute dimanche. Il a injecté 1.570 MW d’électricité sur le réseau. Une étape clé pour EDF, qui va pouvoir déterminer la puissance maximale effective du réacteur.
Par Anne Bauer, Amélie Laurin
Cette fois, on y est.
L’EPR de Flamanville a atteint, dimanche, « 100 % de puissance nucléaire à 11 h 37 » et « a produit 1.669 MW de puissance électrique brute », a annoncé EDF. Cela s’est traduit par l’injection de « 1.570 MW » sur le réseau à haute tension, une fois déduite l’électricité que le réacteur utilise pour son propre fonctionnement, précise EDF aux « Echos ».
Initialement attendue cet été, la pleine puissance aura donc été atteinte in extremis avant la date butoir de la fin de l’automne, le 20 décembre, qui marquait aussi le premier anniversaire du raccordement au réseau électrique de l’EPR. L’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) avait autorisé vendredi l’EPR à franchir le seuil des 80 % de puissance. Ce dernier sésame réglementaire permettait au plus puissant des réacteurs d’EDF, installé en bord de Manche, de tester sa pleine capacité.
Puissance exacte inconnue
La marche franchie dimanche ne dit pas tout à fait quelle sera la puissance maximale effective de l’EPR. Le niveau de 1.570 MW nets affiché à la mi-journée est un peu inférieur aux 1.585 MW évoqués par EDF dans de récents échanges avec la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Initialement, l’énergéticien avait communiqué un plafond de 1.650 MW, puis de 1.620 MW.
« Il est trop tôt pour savoir quelle va être la puissance nette finale. Nous allons refaire des essais et poursuivre les réglages ces prochaines semaines, afin de poursuivre l’optimisation du réacteur », précise EDF.
La puissance maximale peut également « varier selon les conditions d’exploitation (température de l’eau de refroidissement, contraintes environnementales, réglages réseau) », ajoute l’énergéticien. Dans les semaines à venir et dans le cadre du programme de démarrage, la puissance du réacteur sera amenée à varier pour poursuivre les essais à différents paliers de puissance.
Explosion des coûts
Pour rappel, le premier réacteur nucléaire lancé en France depuis vingt-cinq ans en France avait été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date initialement prévue. Il lui aura fallu un an pour prouver qu’il peut tourner à pleine capacité.
La montée en régime du réacteur a été retardée par une série d’imprévus, dont quatre mois d’arrêt de mi-juin à mi-octobre après la découverte de fuites sur des soupapes. L’EPR est ensuite monté jusqu’au seuil de 80 %, c’est-à-dire environ 1.200 MW, il y a tout juste un mois.
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L’EPR, construit face à la Manche, a vu ses coûts exploser par rapport au devis initial de 3,3 milliards d’euros. La Cour des comptes a chiffré le programme à 23,7 milliards d’euros, « aux conditions de 2023 ».
Une fois déterminé le niveau définitif de la puissance maximale, qui dépendra des réglages finaux du réacteur, l’EPR pourra tourner à plein régime durant environ dix mois. Du moins en théorie et si la demande électrique le justifie. Il sera ensuite mis en sommeil le 26 septembre 2026, pour une durée prévisionnelle de 350 jours. Le temps d’effectuer la première visite de contrôle complète et de changer le couvercle du réacteur, défectueux depuis l’origine.
Anne Bauer et Amélie Laurin

