Le spécialiste de l’horlogerie Fralsen en décembre, les Fonderies de Sougland en janvier, les Aciéries Hachette et Driout cette semaine… Avec la reprise de cette entreprise de Haute-Marne qui était en redressement judiciaire depuis le mois de décembre, ACI Groupe (Alliance de compétences industrielles) agrandit sa collection d’usines en France. Mais le sous-traitant industriel qui fournit en pièces détachées les champions tricolores de l’aéronautique, de la défense, du nucléaire et de l’énergie lorgne dorénavant les marchés étrangers.

L’ETI lyonnaise aux 35 sites de production dans l’Hexagone et aux 1.590 salariés vient de boucler une levée de fonds de 80 millions d’euros auprès de l’américain Fortuna, qui prend 49 % du capital. De l’argent frais qui devrait lui permettre de réaliser de nouvelles acquisitions et passer de 200 à 500 millions d’euros de chiffres d’affaires, explique aux « Echos » Philippe Rivière, son président-fondateur, actionnaire majoritaire avec 51 % des parts après l’opération.

Asie du Sud en ligne de mire

« Aujourd’hui, nos clients sont Thalès, Safran, Air Liquide et d’autres entreprises du CAC 40. Nous sommes en capacité de leur fournir une chaîne d’approvisionnement solide en France, mais pas de les suivre dans un déploiement international, ce qui sera le cas demain », détaille cet ingénieur de formation qui a piloté pendant plusieurs années l’équipementier aéronautique WeAre Group.

Le groupe né en 2019 se donne les moyens de ses ambitions. « Les marchés aéronautique, spatial, hydrogène et autres exigent beaucoup de capitaux et des besoins en fonds de roulement importants. Pour rester fournisseur de rang 1 sur tous ces marchés et être fidèle à notre stratégie multifilières, nous devions nécessairement grossir », explique Philippe Rivière, le regard tourné vers l’Asie du Sud.

ACI Groupe possède déjà cinq sites de production à l’étranger, dont deux en Malaisie. Il ambitionne de s’implanter davantage à l’international, notamment en Inde ou encore la Thaïlande. Pour Philippe Rivière, les pays d’Asie du Sud-Est sont des mines d’or, notamment grâce aux « offsets », ces contrats à compensation industrielle que les nations signent avec les grands groupes français lors de ventes d’avions ou d’autres équipements coûteux.

Mais Philippe Rivière n’oublie pas l’Hexagone et le made in France pour autant. Sa stratégie « Industrie 2030 » prévoit la création d’une nouvelle filiale, appelée « FIT » pour Forces Industrielles des Territoires, pensée pour structurer les fournisseurs de rang 2 et 3. « Pour préserver le savoir-faire de nos régions, nous comptons racheter des PME industrielles d’un même espace pour les faire travailler ensemble, notamment autour de Brive, Cahors et d’autres villes moyennes. Grâce à ACI, de petites usines peuvent répondre à de grands appels d’offres », soutient encore Philippe Rivière.