Les Echos – Par Alain Ruello et Patrick de Jacquelot
L’information a été dévoilée il y a une semaine par la télévision locale NDTV, mais est passée relativement inaperçue. « Il y a eu un accord sur la répartition des tâches, qui fait quoi, comment et, surtout, qui est responsable. Il a été soumis au gouvernement indien », confirme-t-on de source proche.
Début février 2012, le Rafale a remporté l’appel d’offres de New Delhi portant sur l’achat de 126 avions de combat, destinés à remplacer les escadrons de vieux MiG. Même si elle n’a jamais été complètement corroborée, la somme en jeu donne le vertige puisqu’on évoque un contrat de plus de 10 milliards de dollars.
Dans son appel d’offres, New Delhi a imposé que du dix-neuvième au dernier Rafale, soit 108 des 126 exemplaires prévus, la production et l’assemblage se fassent en Inde, ce qui suppose que l’industrie locale monte en cadence progressivement en termes de savoir-faire (les 18 premiers appareils sortiront de l’usine de Mérignac).
Dans un entretien à Europe 1 le 19 février, Laurent Collet-Billon, le délégué général pour l’armement, avait indiqué que la liste des sous-traitants de HAL avait été arrêtée. Un pas de plus a été franchi depuis, avec cet accord de partage des tâches. « Ca a été un boulot de dingue et c’est pour cela que cela a pris deux ans. On est descendu jusqu’à la vis de 4 », indique la même source.
L’échéance des législatives
Selon NDTV, le radar du Rafale sera construit par Bharat-Electronics Ltd (BEL) à Bangalore, par exemple. Dassault s’inquiétant de la coordination entre BEL et HAL, ce dernier aurait accepté d’installer une unité de fabrication à côté de celle de son partenaire. Les deux gouvernements travaillent par ailleurs à un accord d’Etat à Etat certifiant que l’avionneur tricolore assurera la fourniture et l’entretien des Rafale pendant quarante ans.
Cette étape franchie, rien ne devrait plus se passer d’ici aux élections législatives de mai. Le gouvernement qui sortira des urnes décidera du destin de ce contrat pharaonique. A priori, il y réfléchira à deux fois avant de remettre en cause ce qui a été négocié. Mais rien n’interdit non plus de le faire, quitte à repousser de nombreux mois la conclusion de l’affaire, d’autant que le pouvoir d’achat du ministère indien de la Défense s’est considérablement réduit.
À noter
Eric Trappier, le PDG de Dassault, devrait commenter l’état des négociations jeudi lors de la présentation des résultats annuels.