A titre d’illustration, notre propre réorganisation il y a deux ans s’inscrivait dans cette tendance. A l’époque, Saint-Gobain avait choisi de décentraliser les circuits de décision vers les équipes locales au sein de chaque pays, pour être cohérents avec la réalité des métiers du bâtiment : ils sont locaux,
nous produisons là où nous vendons. Depuis, la crise sanitaire a renforcé cette aspiration au local, qui participe d’un développement
plus durable, moins carboné. Cette crise va-t-elle aussi affecter la sphère politique ?
On assistait déjà depuis quelque temps à une forme de retour de l’Etat. Le côté positif, c’est que les Etats se sont pour la plupart mobilisés en cette période de crise. En France, tout n’a pas été parfait, mais le sujet était difficile et la réponse du gouvernement a été globalement rapide et efficace. La France a bien géré cette crise, en particulier sur le front économique. Le côté plus négatif est que cette crise a aussi démontré de façon extrême que le repli sur soi, la montée
du nationalisme et les attaques contre le multilatéralisme auxquels on assiste depuis deux-trois ans peuvent s’avérer très pénalisants. Et face à une gouvernance
mondiale inexistante, nous assistons aussi à un retour des Etats dans l’économie, incarné par Donald Trump ou encore Xiinping. Et plus les Etats interviennent, plus le nationalisme monte. Je pense que nous entrons dans un monde plus difficile.
La Convention citoyenne défend l’idée d’un crime d’écocide. Qu’en pensez vous ?
La priorité n’est pas de modifier la Constitution sur des sujets tels que celui-là. Il faut continuer à responsabiliser les citoyens comme
les entreprises plutôt que de rajouter encore une forme de risque juridique. Je le répète, je ne crois pas à l’écologie punitive. n
Son actualité
La crise n’a pas épargné le géant français des matériaux de construction et du verre pour l’automobile mais Saint-
Gobain profite déjà du redémarrage de l’activité économique, et pourrait surtout être dopé par des plans de relance qui devraient faire la part belle
en Europe aux considérations écologiques. La santé du champion de l’efficacité énergétique du bâtiment dépendra tout de même de l’évolution d’une
conjoncture économique à moyen terme qui reste incertaine.
La revente avec une importante plus-value de ses actions du groupe suisse Sika qu’il convoitait depuis 2014 a néanmoins
rempli son coffre-fort.