Au cœur de la forêt, le Cyclop géant de Jean Tinguely et Niki de Saint Phalle scintille à nouveau
Dans la forêt de Milly la forêt (91), Le Cyclop rouvre ses portes au public après plus d’un an de restauration
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©© Adagp, Paris, 2021 / Cnap. Photo : LP/Stéphane Duprat / Stéphane Duprat Œuvre monumentale pensée par Jean Tinguely et sa compagne Niki de Saint Phalle, Le Cyclop fait peau neuve après un an de travaux.
Alors qu’un biopic sur Niki de Saint Phalle (1930-2002) se prépare, une de ses créations brille à nouveau, Le Cyclop. Conçu avec son mari Jean Tinguely, il constitue une œuvre emblématique de Milly-la-Forêt, dans l’Essonne. Cette tête sans corps, à l’œil, la bouche et l’oreille couverts de miroirs, enchante les bois depuis 53 ans. À l’initiative du Centre national des arts plastiques (Cnap) et de nombreux mécènes, Le Cyclop s’est offert une seconde jeunesse. Après un an de travaux, le monstre colossal est de nouveau visible au public.
Une ruche de la création contemporaine
Haut de 22,5 mètres pour 350 tonnes d’acier, l’œuvre titanesque impressionne. Avec son unique œil doré, son oreille pesant une tonne et son immense langue-toboggan atterrissant dans un petit bassin d’eau, Le Cyclop a des allures du Château ambulant, du film éponyme d’Hayao Miyazaki. Ce monument unique de l’histoire de l’art, pensé en 1969 dans une liberté totale et abouti en 1994, a mobilisé le concours de plusieurs artistes emblématiques des années 1970 et amis du couple, comme Eva Aeppli, Arman, César, Daniel Spoerri, Jean-Pierre Raynaud et bien d’autres.
Jean Tinguely, Le Cyclop, 1969-1994, FNAC 95419 Donation J jean Tinguely, Niki de Saint Phalle à l’Etat en 1987, Centre national des arts plastiques © Adagp, Paris, 2021 / Cnap. Photo : LP/Stéphane Duprat
Tous ont mis leur pierre à l’édifice en faisant de cette œuvre un lieu de partage et d’échange. L’extérieur de la sculpture étincelante est tout aussi fascinant que son intérieur. Entre art et industrie, les entrailles du Cyclop plongent le visiteur dans un univers fait de couleurs fragmentées, de rouages et de machineries tintinnabulantes. L’ensemble chaotique faisant cohabiter des œuvres extrêmement différentes, tout est anarchitecture.
Jean Tinguely, Le Cyclop, 1969-1994, FNAC 95419 Donation Jean Tinguely, Niki de Saint Phalle à l’Etat en 1987, Centre national des arts plastiques © Adagp, Paris, 2021 / Cnap
Un besoin de restauration
Depuis 1987, le Centre national des arts plastiques assure la conservation de la sculpture. Une conservation complexe au vu de la situation topographique et des conditions climatiques auxquels elle est confrontée. Le chantier de restauration, engagé depuis un an, vient de porter ses fruits. 1,2 million d’euros et une vingtaine de restaurateurs d’œuvres d’art spécialisés ont été nécessaires pour redonner de l’éclat à une œuvre qui se doit de briller. Les traces du temps, le vent et la pluie avaient en effet abimé la sculpture pharaonique. Béatrice Salmon, directrice du Centre national des arts plastiques, explique qu’il a fallu remplacer « environ 350 m2 et 65 000 tesselles de miroirs dégradés qui ne reflétaient plus la forêt, le soleil, le ciel » pour faire à nouveau rayonner La Face aux miroirs de Niki de Saint Phalle, pièce maîtresse qui orne la sculpture.
Jean Tinguely, Le Cyclop, 1969-1994 FNAC 95419 Donation Jean Tinguely, Niki de Saint Phalle à l’Etat en 1987 / Centre national des arts plastiques © Adagp, Paris, 2021 / Cnap
La restauration du monstre d’acier, de verre et de métal voit aussi fleurir de nombreuses initiatives pédagogiques. Des projets d’éducation artistique et culturelle autour de la restauration du Cyclop et de l’aménagement de ses abords associent de nombreux lycéens et étudiants. Une œuvre participative, en symbiose avec la façon dont elle a été pensée à ses débuts, qui fait du Cyclop un lieu de connexion entre les arts et la nature que l’Association Le Cyclop s’efforce de promouvoir.