« Le combat n’est pas fini » : le député François Ruffin apporte son soutien aux salariés de la Fonderie de Bretagne
Le député François Ruffin était à la Fonderie de Bretagne, ce mercredi 8 janvier, pour soutenir les salariés en lutte contre la fermeture de leur usine. Il dénonce l’inaction de l’État, pourtant actionnaire de Renault. Mobilisation des troupes : les ouvriers vont manifester à Paris le 22 janvier.
C’est une visite surprise. François Ruffin, député de gauche de la Somme, était ce mercredi à la Fonderie de Bretagne, menacée de fermeture. À l’étage de l’usine, la cantine se transforme en agora. Une grosse centaine de salariés sont là, à l’écouter. « C’est politique, mais ça fait quand même du bien d’être soutenu », glisse Éric Blanchier, chasuble de la CGT sur le dos.
François Ruffin est presque habitué à l’exercice : « L’histoire que vous racontez, je la connais par cœur ». Le député picard a déjà arpenté les usines de la Somme (Whirlpool, Goodyear, Bridgestone…). À Caudan, son uniforme est le même : veste en cuir, polaire rouge, baskets colorées. Et sa colère est intacte : « Où est Monsieur Ferracci, où est le ministre de l’Industrie ? Ça fait cinq ans que, au fond de la Bretagne, ils se bagarrent pour continuer à produire ici, et ils n’ont pas vu passer un seul ministre. Je suis habité d’une immense colère. »
« Il faut monter à Paris »
Le micro passe dans la cantine. Les salariés rejettent la faute sur le CAC 40, évoquent leur fatigue, leur inquiétude sur l’avenir de leur entreprise. Ils tutoient François Ruffin. Certains sont en bleu de chauffe, chaussures de sécurité aux pieds. Ils viennent du rez-de-chaussée, où les machines de l’atelier finition viennent de redémarrer. Le CSE extraordinaire de lundi a décidé la reprise de l’activité pour vider les stocks et produire du cash, l’équivalent de trois millions d’euros.
Rien que ce mercredi, cinq camions viennent à Caudan chercher des pièces. Ironie du sort, ils sont destinés à Renault. Le constructeur automobile, principal client de la fonderie, est pourtant pointé du doigt comme responsable de la situation actuelle.
Mobiliser les troupes
François Ruffin rappelle que l’État est actionnaire de Renault. « L’État est aux abonnés absents. L’État ne fait rien. L’État, qui est le premier actionnaire de Renault, se débine et fait comme s’il était impuissant. Mais c’est un véritable choix de l’impuissance. » Le député de gauche appelle donc à la mobilisation. C’est aussi l’objectif de sa venue à la Fonderie de Bretagne : mobiliser les troupes.
« Un moment, pour se faire entendre quand on est dans nos contrées, il faut monter à Paris et crier le plus fort possible dans les oreilles de nos dirigeants. » Une délégation de la fonderie sera sous les fenêtres de Bercy, à Paris, le 22 janvier, où se tiendra une manifestation à l’appel de la CGT. Les salariés espèrent être reçus par le ministre de l’Industrie Marc Ferracci.
« On va tout faire pour vous apporter notre aide », lance François Ruffin, accompagné du député écologiste du Morbihan, Damien Girard. L’ancien insoumis souhaite écrire une lettre au ministre. « Je sais que le centre du pouvoir économique, politique, médiatique, il est à Paris. Alors il faut que nos voix résonnent là-bas pour déboucher leurs oreilles. » Avant cela, la prochaine étape est la mise sous protection de la Fonderie de Bretagne. Le cas sera examiné le 15 ou le 22 janvier par le tribunal de commerce de Rennes. Un, deux ou trois bus emmèneront les salariés à l’audience.