La vie du Rail – Patrick Étiévant
La Société de Saint-Gobain a fêté son tricentenaire en 1965. Elle doit son origine au roi Louis XIV et à son ministre Colbert qui souhaitaient une industrie des glaces française forte et indépendante.
Lucas de Nehou, inventeur de la coulée des glaces à plat dans l’usine de Saint-Gobain (Aisne), au milieu de la forêt du même nom pour alimenter les fours en combustible, sera à l’origine de la dénomination de la Manufacture royale en 1695. Le rapide développement, puis la diversification dans les produits chimiques avec la Soudière de Chauny ne seront guère freinés par la Révolution. Son chemin de fer privé reliant les usines de Chauny avec celles de Saint-Gobain dès 1860 sera l’humble contributeur de l’expansion européenne puis internationale du groupe, en assurant le transport des matières entrantes et des produits sortants pendant 123 années.
L’article qui suit va s’attacher à décrire la genèse et l’histoire de l’outil ferroviaire qu’était le Chemin de fer de Chauny à Saint-Gobain (CSG), en même temps que celles des usines qui lui étaient intimement associées.
Aux origines (ici avec le pont tournant.)
L’usine de Saint-Gobain à Saint-Gobain (Aisne) trouve son origine dans la Manufacture royale de glaces créée en 1665 sur l’impulsion de Jean-Baptiste Colbert alors ministre des Finances pendant le règne du roi Louis XIV. La verrerie est installée au faubourg Saint-Antoine à Paris (actuel emplacement de l’ancienne caserne Reuilly). Grâce au débauchage d’Italiens souffleurs de verre, elle possède le savoir-faire permettant de fabriquer du verre Vénitien plat à partir de bouteilles, et des miroirs.
L’usine reçoit pour 20 ans le privilège d’exclusivité pour le royaume de France de la production de verres et de miroirs comme ceux fabriqués à Murano en Italie, de 40 pouces par 40 pouces (101,6 cm x 101,6 cm). Leur fabrication reste techniquement difficile, elle est donc faible en quantité, ce qui nécessite de continuer les importations depuis Murano. Les difficultés financières surviennent du fait de la faiblesse des entrepreneurs, dont le titulaire principal Nicolas Dunoyer.