Des milliers de pièces de moteur d’avion CFM auraient été vendues sur le marché de l’occasion par la société britannique AOG Technics, avec des certificats d’authenticité falsifiés. Il ne s’agirait toutefois pas de pièces critiques.
Par Bruno Trévidic
Le nombre des moteurs concernés pourrait encore s’accroître. D’après les déclarations des avocats de Safran, lors d’une première audience devant le juge britannique chargé d’instruire l’affaire, ce mercredi, plusieurs milliers de pièces détachées auraient ainsi été écoulées par AOG sur le marché de l’occasion avec de faux certificats d’authenticité. Les appareils concernés en Europe et aux Etats-Unis sont tous des Airbus A320 et des Boeing 737 NG de la génération antérieure à celle des Max et des Neo, équipés de moteurs Leap .
Une découverte fortuite
« Nous n’avons jamais travaillé avec cette entreprise et nous ne savons pas à qui ils ont vendu des pièces, a expliqué le patron de Safran . Nous avons été alertés cet été par un atelier de maintenance, qui voulait vérifier que la pièce fournie par AOG était bien authentique. C’est là que nous avons découvert que le document d’origine était un faux. Nous avons immédiatement alerté l’Agence européenne de sécurité aérienne et la FAA américaine, qui ont demandé à toutes les compagnies de faire des vérifications. On s’est ainsi aperçu que la fraude ne se limitait pas à quelques pièces. »
Pour l’heure, aucune pièce critique pour la sécurité des vols ne figure parmi les éléments frauduleux identifiés, souligne Olivier Andriès. On ne sait pas non plus si les pièces concernées sont défectueuses ou si la fraude se limite à leurs certificats d’authenticité. Mais quoi qu’il en soit, ces pièces doivent être démontées sitôt repérées. Avec à la clé une perte d’exploitation certaine pour les compagnies aériennes, mais aussi des interrogations sur l’efficacité des procédures de contrôle en Europe et aux Etats-Unis.
L’affaire AOG n’est en effet pas la première du genre. Le marché des pièces aéronautiques est régulièrement secoué par des alertes aux pièces frauduleuses. Il suffit d’aller sur les sites de l’EASA et de la FAA pour le constater. Rien que sur les deux dernières années, une dizaine de cas de pièces litigieuses sont signalés. Il peut s’agir de pièces contrefaites ou bien volées dans les ateliers et revendues sous le manteau avec un faux certificat d’authenticité.
La provenance des pièces est parfois surprenante. Ainsi en février dernier, une alerte de la FAA mettait en garde contre des systèmes d’alerte de trafic et d’évitement de collision (ACAS) d’origine douteuse, vendus sur le marché américain par une société russe (Aviation Parts) et redistribués par plusieurs revendeurs. « Il y aura sûrement des leçons à tirer de cette affaire, a estimé le patron de Safran. Il est quand même étonnant qu’une entreprise un peu fantôme puisse délivrer des certificats d’authenticité falsifiés. »
Bruno Trévidic
Malheureusement ce type de fraude existe dans tous les secteurs d’activités, que ce soit sur les pièces de rechange ou sur des produits complets.
Une célèbre marque japonaise de matériel agricole à trouvé des appareils entièrement clonés sur le marché asiatique et vendu dans des magasins ouverts à tous.
Dans l’automobile nous avons trouvé des pièces de rechange dans des conceptions complètement interdites pour l’utilisation du produit.
Il y a toujours un risque d’acheter chez un revendeur étranger à la marque.