La parabole de la Cocotte….Le Creuset

Mais les membres de sa suite et tous les journalistes qui avaient couvert l’événement avaient été étonnés de recevoir quant à eux une cocotte en céramique marquée « made in Thaïland ». C’est un journaliste du Courrier Picard qui raconta l’histoire, reprise bien sûr par Le Canard enchaîné . Et il n’y avait pas encore eu la crise de 2008 à laquelle notre Président attribue aujourd’hui tous nos déboires. En fait, ce déclin ne date pas d’hier. Ma carrière s’étant déroulée de 1949 à 1992, j’ai vécu les Trente Glorieuses, mais j’ai vu aussi s’amorcer les années moins glorieuses. J’avais connu la Société Le Creuset et je l’avais eue comme cliente, il y a une quarantaine d’années, quand je vendais des installations et des matériels pour l’industrie de la fonderie. Etait alors déjà moribonde, dans la même région, la Fonderie Godin, fondée en 1840 par Jean-Baptiste Godin, qui avait employé jusqu’à 2 400 personnes. La Société Le Creuset a certes survécu, mais en se transformant en une Société commerciale qui achète et revend tout l’équipement pour la cuisine.

Or les emplois commerciaux à usage interne, pas plus que les emplois de services improductifs, ne présentent le même intérêt économique que des emplois industriels qui répondaient à la demande française de consommation et permettaient même d’exporter. Il ne faudra donc pas s’étonner si le bon chiffre de la consommation des ménages est généralement suivi d’un mauvais chiffre de la balance commerciale quand ce que l’on achète est le plus souvent importé. On ne pourra malheureusement pas relancer l’économie par la consommation si ce que l’on consomme n’est pas français. C’est ce qui avait déjà fait échouer la politique de relance tentée par Pierre Mauroy.

Paul Vincent, Paris