Au-delà des mesures d’urgence, comme la possibilité offerte aux compagnies aériennes clientes d’Airbus de différer leurs commandes et la prolongation des mesures de chômage partiel afin d’éviter des licenciements massifs, ce plan à 15 milliards d’euros, selon le chiffrage du ministre de l’économie, Bruno Le Maire, vise ni plus ni moins à faire de l’aéronautique française le leader mondial du transport aérien « décarboné » et de la transition énergétique.
Cette ambition passera par un gros effort de recherche et développement, et par la fixation d’un objectif qui semble extrêmement ambitieux : lancer en 2035 le premier avion « vert » ou « zéro émission de CO2 », et non en 2050 comme envisagé initialement. L’enjeu ? devancer les concurrents américains et chinois. Et moderniser en profondeur les quelque 1.300 entreprises françaises du secteur en les fédérant autour d’un projet « totem », apte à devenir le symbole de l’excellence de l’ingénierie française et européenne.
Un successeur à l’A320 vers 2030
Le plan de marche vers « l’avion vert », détaillé par la ministre de la transition énergétique et des transports, Elisabeth Borne, comporte plusieurs étapes. La première serait de lancer le « successeur de l’Airbus A320 » vers 2030, « avec un objectif de réduction de 30 % de sa consommation de carburant », tout en préparant l’étape suivante, à savoir « le passage à l’hydrogène vers 2035 ».
Un premier prototype – ou démonstrateur – devait voir le jour « vers 2026-2028 », a précisé Elisabeth Borne. « Un nouvel avion régional hybride » devrait également être conçu « avant la fin de la décennie, ainsi que d’autres appareils, hélicoptères et drones, plus sobres en carburant », a ajouté la ministre.
« C’est une accélération de 10 ans par rapport à ce qui avait été annoncé par les industriels pour 2045 », a-t-elle souligné. Pour Patrick Daher, président de Daher, l’avion décarboné en 2035 n’est pas une mission impossible. « Ce projet va donner du travail à l’ensemble des ingénieurs qui étaient mobilisés avant la crise sur l’augmentation des cadences ou d’autres urgences. La crise offre une opportunité unique de rassembler les forces sur une nouvelle avancée aéronautique », espère-t-il.