Engagé dans une course contre la montre, F2R n’a pas réussi son pari de réduire suffisamment sa dépendance à Renault et Nissan, qui représente 70 % des ventes. Le changement en novembre dernier du programme Qashqaï chez Nissan, dont F2R fournit les jantes, a contribué à ses difficultés. Entre-temps, le fabricant franco-indien n’est pas parvenu à s’immiscer chez BMW ou Mercedes, qui sont les chasses gardées de l’allemand Borbet et du suisse Ronal, ses deux concurrents. Le dernier exercice publié par F2R, en 2012, fait état d’un recul des ventes de 9 %, à 73,4 millions d’euros, et d’une perte nette de 1,2 million.
Un « trou » de 2,5 millions d’euros
Depuis un an, l’effectif a été ramené de 460 à 382 salariés. Un plan de départs volontaires a notamment entraîné la suppression d’une trentaine de postes l’été dernier. « Même si la direction a planifié quatre jours de chômage partiel au cours du mois de février, nous avons des commandes, l’usine continue de tourner » témoigne Christophe Bouvet, secrétaire (CFDT) du comité d’entreprise. Cette ancienne filiale de Montupet sort actuellement 95.000 roues chaque mois, mais il en faudrait 170.000 pour atteindre l’équilibre.
Le passif atteindrait 7 millions d’euros. En octobre dernier, Deltronix avait tenté de recapitaliser l’entreprise avec le soutien du FMEA. Mais l’ouverture du capital a capoté. L’examen des comptes démontrerait un « trou » de 2,5 millions d’euros, confirmé par le parquet de Châteauroux, qui a identifié « des mouvements bancaires suspects » mettant en cause le directeur financier. « Il s’agissait d’une opération de refinancement ouvrant la voie à l’ouverture du capital et pas d’un détournement. Comment un directeur financier pourrait détourner des fonds alors qu’il sait que son entreprise est sous la tutelle d’un administrateur, et observée par le CIRI et le FMEA ? », interroge Me Maxime de Guillenchmidt, avocat de Deltronix.
Le jour même, le compte de F2R était d’ailleurs recrédité, appuie l’avocat, qui déplore la nomination d’un administrateur provisoire. « Il n’y a pas eu d’ouverture de dataroom. Cette procédure d’administration provisoire a retardé l’accès au dossier pour d’éventuels repreneurs. Or, F2R intéresse beaucoup de monde », souligne Me de Guillenchmidt. Si l’actuel directeur de F2R, Laurent Hebenstreit, est candidat à la reprise, d’autres dossiers sont sur les rangs, notamment des concurrents directs, tels que l’allemand Borbet et la coopérative espagnole Mapsa.
Stéphane Frachet, Les Echos
Correspondant à Tours