Dans cette cité, où le métier de fondeur était et reste de tradition, Daniel Lambert s’est converti à la fonderie d’art. Rien à voir avec la production industrielle, même s’il s’agit toujours du même métier, dans cette fonderie de laiton et de bronze, où l’on produit des pièces seulement à un ou quelques exemplaires. « C’est cette unicité qui fait qu’un objet devient art, mais pas seulement, car elle est l’expression d’un artiste qui en a fait la maquette et qui en commande la réalisation brute ». Car ici on travaille pour le monde entier, pour des commandes faites par des personnes fortunées qui se sont adressées à des designers, des artistes de renom pour un lampadaire, un candélabre, une ferrure de meuble, ou tous autres objets de décoration. « C’est une vraie satisfaction de penser que cet objet qui sort de nos moules, sera ensuite patiné et habillé et finira chez les grands de ce monde, même si on ne connaît pas toujours le nom », poursuit Daniel Lambert. Cette expérience a changé sa perception du métier. « D’un esprit cartésien, branché sur la productivité, j’ai changé mon regard sur la façon de percevoir ces objets… et le contact avec ces artistes qui passent commande, m’a beaucoup appris et développer ma créativité, l’originalité ». Car aucune de ces pièces ne rentre dans le même moule et il faut prendre une attention particulière pour la réaliser.
Après 42 ans de métier, de passion, Daniel Lambert souhaitait prendre sa retraite à 67 ans. « J’ai mis deux ans à trouver un repreneur, refusant des offres financières alléchantes car mon seul but était de pouvoir pérenniser l’entreprise, le savoir-faire », poursuit-il Et en l’occurrence, il a trouvé celui qu’il cherchait, en la personne de Stéphane West, qui comme lui possède un background de 20 ans d’industrie en fonderie. « Dans la continuité de cette entreprise, on fera entrer un peu de numérique pour plus de service au client avec de la CAO, des modèles numérisés », explique le repreneur. Mais le savoir-faire de cette fonderie d’art ne sera pas perdu et c’est bien ce qui permet à Daniel Lambert de goûter à une retraite tranquille.
La fonderie Lambert est à Luxeuil et non pas à Saint-Sauveur.