C’est parce qu’ils sont convaincus qu’il n’est pas de nations fortes sans industrie et qu’il y a sur ce terrain une bataille culturelle urgente à mener que Louis Gallois, président exécutif d’EADS, Pierre Gattaz, président du groupe des fédérations industrielles (GFI) et patron du directoire de Radiall, Denis Ranque, président du Cercle de l’industrie et patron de Technicolor et Frédéric Saint-Geours, président de l’Union des Industries et métiers de la métallurgie (UIMM) , ont décidé de lancer ensemble, lundi 10 octobre, La Fabrique de l’industrie. Ce think tank, présidé par M. Gallois, se veut un lieu indépendant de réflexions et de débats sur (et autour de) l’industrie.
Il se propose de travailler de façon approfondie, pluridisciplinaire et pérenne sur des problématiques qui touchent aussi à l’économie et à la société afin d’aider ainsi à « la construction d’une ambition pour l’industrie française à moyen et long terme, dans un cadre européen et mondial. » Dotée d’un budget de 1,1 million d’euros par an et d’un site web (www.la-fabrique.fr), l’association a pour délégué général Thierry Weil, professeur à Mines ParisTech. Son conseil d’orientation scientifique est composé d’une petite cinquantaine de personnes.
On y trouve des patrons de grands groupes (EADS, Vallourec, Rhodia…), d’entreprises de taille intermédiaire (ETI) et de PME de tous les secteurs industriels, mais aussi des experts (de l’Ecole des mines, de l’Ecole d’économie de Toulouse, du Cercle des économistes etc.) et des syndicalistes de la métallurgie comme Dominique Gillier (CFDT) et Frédéric Homez (FO). La Fabrique de l’industrie lancera en 2012 un cycle de conférences-débats, des publications et des manifestations à caractère grand public. Elle a également arrêté cinq axes de travail pour 2012-2013 : établir un diagnostic partagé (par exemple sur le dynamisme et les handicaps des ETI françaises et industrielles); associer toutes les parties prenantes à la « reconstruction d’un pacte social autour de la compétitivité industrielle »; impliquer les pouvoirs publics dans l’élaboration d’une politique industrielle rénovée; développer les talents et préparer l’avenir en réfléchissant notamment aux enjeux d’innovation propres à chaque filière.Quelques sujets sont en cours d’exploration : l’analyse des écosystèmes industriels suédois ou italiens, l’étude du secteur agro-alimentaire, la régénération du dialogue social ou encore les réalités de l’apprentissage en France et ailleurs. A l’heure où le débat politique est relancé en France autour des conséquences économiques et sociales de la mondialisation, les thèmes des délocalisations-relocalisations ou l’exemple canadien de réindustrialisation réussie pourraient aussi être mis à l’étude. Les fondateurs de la Fabrique sont à la fois confiants et lucides. Bien placés pour connaître leurs atouts et leurs faiblesses, ils savent que l’industrie est loin d’avoir retrouvé ses niveaux d’avant-crise et que « les entreprises industrielles sont aujourd’hui soumises à rude épreuve, en France et en Europe. » S’ils ne croient pas au caractère inéluctable du déclin industriel, s’ils jugent le sursaut encore possible, ils savent aussi que le temps leur est compté.
Bravo ; il n’est pas trop tard mais plus tôt aurait facilité la tâche qui devient actuellement phénoménale. Ayons confiance en nos grands Maîtres de l’Industrie.