La première cloche de la cathédrale de Rouen a été descendue ce matin sous les yeux abasourdis des riverains. Nommée Germaine, le bourdon de 4,5 tonnes a quitté la tour Sud de l’édifice à l’aide d’une grue d’une cinquantaine de mètres de portée. Puis une vingtaine d’autres cloches, plus petites, ont suivi au cours de la journée. Il s’agit de la première phase d’un chantier d’exception qui doit durer un an. L’opération de démontage doit se poursuivre jeudi, voire vendredi. Au total, une cinquantaine de cloches vont être transférées.
Les cloches seront acheminées près d’Annecy (Haute-Savoie) pour être soit rénovées soit remplacées par la fonderie Paccard, spécialiste mondiale du carillon, qui a installé celui de Rouen en 1914. Le nouveau carillon, qui sera élargi et doté de 64 cloches au total, changera d’endroit et sera réinstallé dans un an dans la tour Nord, dite Saint-Romain, où se trouve déjà son plus gros bourdon (10 tonnes), la Jeanne d’Arc.
Selon la société Paccard, la cathédrale disposera alors du deuxième carillon de France, après celui du château des ducs de Savoie de Chambéry (70 cloches). Le carillon bénéficiera d’un nouveau système de transmission, qui permettra de jouer sur un clavier à coups de poing. Les bombardements de la Seconde Guerre mondiale ont endommagé la cathédrale normande, mais son carillon a été épargné. Il comptait 29 cloches en 1914 avant d’être élargi. Sa dernière rénovation date de 1954, toujours par la fonderie Paccard, une entreprise familiale savoyarde fondée en 1796.
Cette nouvelle rénovation, d’un coût de 500.000 euros, est totalement prise en charge par l’État au titre des monuments historiques. La cathédrale ne sera cependant pas muette pendant un an, car six cloches resteront pour les sonneries annonçant les offices. «Les cloches ne sont pas seulement des objets de culte, elles donnent un supplément d’âme à une ville», a déclaré à la presse le curé de la paroisse, le père Christophe Potel, qui assistait à l’opération.