Emmanuel Macron promettait mi-mars qu’« aucune entreprise ne sera livrée au risque de la faillite ». Et mercredi, le président a lancé une bouée de sauvetage à plus d’un milliard à une industrie culturelle qui se noie en garantissant, entre autres mesures, que les revenus des intermittents du spectacle seraient garantis jusqu’à la fin de l’été 2021
Au pays de l’exception culturelle, nos artistes, nos festivals ou nos salles de spectacles, qui ne sont pas responsables de cette crise, méritent d’être sauvés. Mais demain, au pays de la gastronomie et de la bistronomie , ne faudra-t-il pas aussi secourir quoi qu’il en coûte tous nos restaurants étoilés comme nos cafés qui font le charme de la France ? Et notre pays, champion du tourisme, ne devra-t-il pas faire un effort pour défendre ce secteur stratégique… L’agriculture, l’automobile, l’aéronautique demanderont eux aussi leur plan Marshall ! Et tous auront individuellement raison de faire valoir que la crise actuelle est terrible et qu’elle risque de provoquer des dommages considérables.
Les Français que les sondages disent souvent très pessimistes, ne font-ils pas au contraire aujourd’hui preuve d’excès de confiance ? Croire que la puissance publique pourra sauver tous les secteurs de notre économie serait faire preuve d’une grande naïveté. L’Etat et notre système très redistributif peuvent limiter la casse et nous permettre d’encaisser temporairement le choc mais nous avons passé l’âge de croire à un Etat Père-Noël. La réalité économique va nous rattraper et ne nous fera pas de cadeau.
Sortir du déni
Les Français doivent sortir du déni. A l’heure ou dans bien des pays les entreprises lancent de vastes plans sociaux, il faut admettre que tout comme le Coronavirus ne s’est pas arrêté à nos frontières, nous allons collectivement payer le prix de la récession qui est déjà là. Quand Airbnb annonce qu’il va licencier un quart de ses salariés , la foudre n’épargnera pas la France, l’un de ses principaux marchés. Quand British Airways, SAS ou Lufthansa se séparent de milliers de pilotes et d’hôtesses, ceux d’Air France doivent sortir de l’illusion que les milliards de l’Etat ne les sauveront pas tous .
Plutôt que d’entretenir de faux espoirs, la puissance publique doit tenir un discours de vérité. Elle va devoir fixer des priorités et faire comprendre à ceux qu’elle aide plus que d’autres que les plans de sauvetage doivent aussi s’accompagner de remises en cause. Il faudra assumer de nouveaux départs, pas de simple retour à la case départ.
David Barroux