Le Figaro avec AFP
L’enquête française sur les activités de GFG Alliance, conglomérat du magnat de l’acier Sanjeev Gupta, pour «abus de bien sociaux» et «blanchiment» a été élargie à la fonderie Aluminium Dunkerque (Nord) et est menée depuis cet été à Paris, ont appris les journalistes de l’AFP lundi auprès de sources concordantes.
Le parquet de Vienne avait ouvert une première enquête préliminaire après la disparition d’un Prêt garanti par l’Etat accordé par la société financière Greensill, depuis en faillite, à la fonderie Liberty Aluminium Poitou, d’Ingrandes-sur-Vienne (Vienne), appartenant au groupe GFG. Fin octobre, le parquet de Paris a confirmé à l’AFP l’information de Challenges selon laquelle il avait repris le 23 juillet cette enquête ouverte pour «des chefs d’abus de biens sociaux et de blanchiment.» Les investigations ont été confiées à l’Oclciff, l’office anticorruption.
Sollicité par l’AFP, GFG a indiqué «ne pas être au courant d’une telle enquête et réfute toute allégation d’irrégularité dans ses activités françaises». Dimanche, le Financial Times (FT) avait indiqué que cette enquête concernait, outre la fonderie de la Vienne, les activités de GFG à la fonderie Aluminium Dunkerque à Loon-Plage. Une source proche du dossier a confirmé l’information lundi à l’AFP. La propriété de cette fonderie d’aluminium, la plus vaste d’Europe, est disputée.
Le 1er octobre, la société de capital-investissement American Industrial Partners (AIP) a annoncé en être le nouveau propriétaire.
GFG Alliance a annoncé en retour une «procédure judiciaire» pour contrer «toute tentative» de prise du contrôle d’AIP. Selon le FT, le volet dunkerquois de l’enquête concernerait «un accord passé» par GFG avec le géant suisse des matières premières Glencore pour «repousser la tentative de prise de contrôle d’AIP» sur la fonderie. Cela concernerait aussi l’utilisation supposée de 25 millions d’euros issus de la trésorerie de la fonderie pour régler un litige avec le géant minier anglo-australien Rio Tinto, propriétaire de la fonderie avant son acquisition par GFG Alliance en 2018.
Les deux géants ont réglé leur différend via un tribunal arbitral qui «a condamné GFG à payer 25 millions d’euros à Rio Tinto. GFG, comme il n’a pas un sou, est venu prendre l’argent dans les comptes de Dunkerque», a affirmé à l’AFP Laurent Geeraert, secrétaire CGT du Comité social et économique à Dunkerque. «Il y a eu un accord commercial avec Glencore, au prix du marché, pour sécuriser un financement stable pour ces activités», a commenté GFG.
Depuis la faillite en mars de la société de prêts Greensill dont il était un des principaux clients, GFG Alliance est en grande difficulté financière. Une enquête outre-Manche pour «soupçon de fraude» et «blanchiment d’argent» vise également le groupe.