Sur les cinq cloches de l’édifice religieux, une avait rendu l’âme et une autre, fêlée, perdu de sa justesse. A l’initiative de l’abbé Arnaud Meyer, il a été décidé de les remplacer pour un coût de 65 000 € HT (réfection du beffroi comprise), partagé entre la paroisse et la commune.
Vendredi, les deux moules de Jeanne, hauts de près de deux mètres, sont arrivés et ont été enterrés selon une technique traditionnelle qui permet d’utiliser des matières naturelles comme le torchis (mélange d’argile, de sable et de crottin de cheval) sans craindre que les formes ne cèdent à la pression du bronze en fusion (densité : 8,8).
Ce bronze de cloche, savant alliage de 78 % de cuivre et de 22 % d’étain, a été rendu à l’état liquide dans deux fours de briques qui ont craché pendant plus de deux heures hier leurs flammes et leur ronronnement sourd. Pour les hommes de la fonderie Bollée de Saint-Jean-de-Braye (45) et ceux de la société alsacienne Boegele, la coulée du métal, porté à 1 200 °C, s’inscrivait dans la continuité de deux jours d’installation minutieuse, jusqu’au séchage des douze louches destinées à remplir les moules enfouis. Pour les centaines de personnes qui se sont massées hier soir dans le petit parc jouxtant l’église et la mairie, où avaient été installés deux écrans géants, le moment était grandiose. Une première bénédiction a accompagné la coulée du bronze rayonnant qui, le long de deux rigoles telles deux serpents de feu, a plongé dans la terre pour donner vie à Jeanne. La jeune cloche verra la lumière du jour lundi à 14 h 30, lors du démoulage. On pourra alors y lire le nom de ses parrain et marraine, celui du frère Rupper (dernier enseignant de l’école privée de garçons Saint-Louis) et celui de Fernande Claudel. Du haut de ses 102 ans, et d’une fenêtre de la mairie, la doyenne de la cité a assisté à la naissance de Jeanne, 950 kg. Jean Germain, lui, n’a pas perdu une miette du spectacle mais aussi des préparatifs. Le paroissien, Counehet d’origine, a tout filmé. « On va l’entendre sonner tous les jours » , s’émouvait-il hier. Dans quelque temps, Jeanne et Louise rejoindront le giron de Georges, le bourdon de ces dames.
Claire BRUGIER