Une grève de 24 heures est annoncée à Saint-Jean-Industries (fonderie alu) ce vendredi, ce qui ne sera pas le cas de sa voisine, la Fonderie du Poitou Fonte, qui est en activité partielle.
L’alu en grève vendredi
Le site de Saint-Jean-Industries alu est « menacé et, par conséquent, les 400 emplois directs du site », déplore la CGT. La crainte? « Renault, qui prend pour prétexte la baisse des ventes des véhicules diesel, annonce des baisses de volumes importantes. »
La Fonderie du Poitou Fonte (FPF) se trouve également dans une mauvaise posture, selon le syndicat. « L’entreprise fait face aussi à une situation très critique depuis le début de l’année avec en moyenne 5 jours d’activité partielle par mois depuis le mois d’avril, les constructeurs Renault et Fiat ont brusquement pris la décision de modifier leur organisation concernant les productions de moteurs. Sur ce site, 450 emplois directs sont concernés. »
Les élus CGT FPF ont adressé un courrier au ministre de l’Économie et de l’Industrie, ainsi qu’aux députés et sénateurs de la Vienne, le 12 mars dernier, pour les alerter « sur nos inquiétudes suite à une chute brutale de la production de l’entreprise Fonderie du Poitou Fonte concernant le moteur diesel qui représente toujours à ce jour 70% de la production ».
Pour les deux fonderies, fonte (FPF) et alu (Saint-Jean-Industries Poitou), « cela remet en cause la pérennité des deux sites et le maintien des emplois qui en découle ».
Conférence de presse annoncée
Les syndicats CGT FPF, CGT Saint-Jean-Industries Poitou et la coordination CGT Renault annoncent la tenue d’une conférence de presse, ce vendredi, devant les fonderies, « pour exposer les enjeux des semaines à venir ».
Fondeurs, pas chômeurs »
300 salariés des Fonderies du Poitou étaient en grève hier à Ingrandes. En cause, la baisse des commandes de Renault qui fragiliserait l’avenir du site.
Le spectre de 2011 (deux mois grève et huit mois de combat) referait-il surface à Saint-Jean-Industries qui fabriquent des culasses à Ingrandes-sur-Vienne pour Renault?
Les salariés des ex-Fonderies du Poitou Alu le redoutent en tout cas fortement. Trois cent d’entre eux (avec des camarades voisins de la Fonderie du Poitou Fonte) se sont mis en grève hier (24 heures) à l’entrée de leur usine.
« Le diesel est un prétexte pour masquer la réalité »
En cause, la baisse des commandes du constructeur automobile à la marque au losange qui fragilise, selon eux, leur avenir et celui du site. Ils craignent une « casse sociale » et réclament des « investissements ».
Le syndicat CGT, représenté notamment par Alain Delaveau, secrétaire de l’Union locale, résume l’inquiétude ambiante: « Aujourd’hui, de nouveau, notre site est menacé et par conséquent les 400 emplois directs du site. Renault, le donneur d’ordres, prend pour prétexte la baisse des ventes des véhicules diesel pour annoncer des baisses de volumes importantes. »
Fabien Gâche, délégué syndical central (national) CGT Renault, a dressé un tableau de la situation au cours d’un exposé remarqué: « Le groupe Renault annonce des niveaux record de vente. On fabrique en France 19% des voitures et donc plus de 80% en Espagne, Turquie et Slovénie. On découvre que le diesel polluait plus que prévu. Mais tout le monde le savait. Et avec le moteur essence, on aura les mêmes problématiques de (dé) pollution. On se sert de la problématique du diesel comme prétexte de la baisse du volume des commandes et pour masquer la réalité et des choix stratégiques. Le diesel permet en fait de masquer les délocalisations. » Pour écarter la menace (« 400 emplois directs du site »), poursuit Fabien Gâche, il « faudrait investir 40 ou 50 M€ sur les deux fonderies, ce qui n’est rien par rapport aux 5,2 milliards de bénéfices de Renault en 2017 et ça permettrait de créer les conditions pour pérenniser l’activité des deux sites. »
« On refuse de traverser la rue »
Car le site voisin de la Fonderie du Poitou Fonte (FPF), qui fabrique des carters pour Fiat et Renault, est aussi concerné par un avenir incertain. « L’entreprise fait face aussi à une situation très critique depuis le début de l’année avec en moyenne 5 jours d’activité partielle par mois depuis avril, les constructeurs Renault et Fiat ont brusquement pris la décision de modifier leur organisation concernant les productions de moteurs. Sur ce site, 450 emplois directs sont concernés. »
Sur les panneaux des 300 manifestants, on pouvait notamment lire les slogans suivants: « Renault, actionnaires Fonte et Alu, tous responsables », « Renault Macron, nous refusons de traverser la rue », « Frondeurs gaulois » ou encore « Fondeurs pas chômeurs ».
Denys Frétier